jeudi 28 avril 2011

oyPhone, le premier téléphone mobile casher !


Vous en rêviez, Accel Telecom l'a fait ! Le premier téléphone mobile casher, destiné aux Juifs ultra-orthodoxes d'Israël, est enfin sur le marché. Pas très smart, mais résolument conforme aux pratiques religieuses, ce modèle n'a ni fonction SMS, ni accès Internet et encore moins d'appareil photo, comme le rapporte le quotidien israélien Yediot Aharonot. L'appareil, un Alcatel T-701, a ainsi obtenu l'approbation des autorités rabbiniques, qui lui a décerné le label casher. Selon le PDG d'Accel Telecom, Marc Seleenfreund, "Il n'est pas simple de rendre les téléphones casher et de les amener à un niveau tel qu'ils ne puissent être modifiés pour envoyer des SMS ou surfer sur Internet".  Cerise sur le mobile, tout appel effectué depuis ce téléphone pendant Shabbat sera surfacturé au "prix exorbitant de 10 shekels (2 euros) la minute !" souligne-t-il.


Foin de ces menus détails sans importances, les Haredim se réjouiront d'innovations de taille, parmi lesquelles des sonneries de musiques hassidiques et, grande première mondiale, un menu en yiddish ! Accel Telecom n'a toutefois pas été jusqu'à baptiser son mobile le oyPhone.

Alain Granat

mercredi 27 avril 2011

Le Cortège du Tchoulent : un cabaret yiddish qui a du goût !

Les jeunes artistes qui renouvellent l'univers de la yiddishkeit (culture yiddish) avec talent sont rares. Miléna Kartowski, chanteuse et comédienne, a vu son formidable spectacle "Le Cortège du Tchoulent" élu "Coup de coeur" de la Fnac. Un label amplement mérité pour cette création qui mêle théâtre et musique dans la grande tradition du cabaret yiddish. Un cabaret festif, émouvant et plein d'humour, où Miléna Kartowski se réapproprie sa culture dans un show totalement moderne, loin de ce qu'elle qualifie - à juste titre - des "poncifs sclérosés, des images éculées et des interprétations cristallisées dans la douleur d'un passé tragique".

Le Tchoulent, ce ragoût de Shabbat roboratif et longuement mijoté, emblématique de la cuisine ashkénaze et célébré par Heine, l'est aussi d'une culture yiddish dont la transmission passe autant par l'apprentissage de la langue que par celle des traditions culinaires, passées de mère en fille. Puisant son inspiration dans ses souvenirs d'enfance, la chanteuse fait le lien entre ce goût (Tam en yiddish) porteur de toute une identité, qu'elle qualifie joliment de "madeleine de Proust d'un monde englouti", et de "peinture d'un monde d'avenir, celui du yiddish de demain, mon yiddish". 

Le Tchoulent de Miléna Kartowski, produit avec la collaboration artistique de Yael Tama, a une très belle saveur, celle de la fête d'un passé qui se conjugue au présent, avec une  énergie folle, qui donne envie de danser. Pour reprendre les mots d'Albert Memmi dans son recueil de pensées intitulé "Bonheurs" (Arléa / Le Seuil), "Le fameux Nahman de Bratslav ne dit-il pas que, à l'instar de la Torah, tout danse dans l'univers ?". Celui du "Cortège du Tchoulent" est empli de joie, porté par une artiste à la voix superbe, entourée de trois excellents musiciens (Nicolas Arnault au piano, François Collombon aux percussions, Samuel Maquin à la clarinette) qui mitonnent comme des chefs la musique klezmer avec des pincées de jazz, de reggae, de slam.


Si vous n'avez jamais goûté au Tchoulent (et tout particulièrement à son ingrédient le plus léger et diététique, le kishke - intestin de boeuf ou cou d'oie farci selon les recettes - dont la dégustation reste le test ultime d'adhésion à la yiddishkeit !), vous vous délecterez de celui concocté par Miléna Kartowski.

Alain Granat

Les Jeudis 28 avril et 12 mai a 20h30
Les Dimanches 1, 8, 22 et 29 mai a 18h

Au Kiron Espace
10 rue de la Vacquerie
75010 Paris
Réservations: 01 44 64 11 50 /
ou sur Fnac.com (22€)

Le teaser du spectacle 



lundi 18 avril 2011

Pessah pour les chiens


Jewpop vous souhaite de très belles fêtes de Pessah ! Après avoir longuement cherché, la palme de la video la plus débile de Pessah revient sans conteste à ce Seder pour chiens, organisé par une marque de nourriture pour animaux. Comble du mauvais goût, ce clip nous vient évidemment des USA. Hag sameah !

mercredi 13 avril 2011

Un Seder presque parfait !

Vous voulez intéresser vos enfants et/ou petits-enfants, impressionner votre copain/copine ou vos futurs beaux-parents, ou tout simplement vous faire plaisir ? Cette année vous allez diriger la lecture de la Hagada ( même si vous ne lisez pas l'hébreu ! ) et commenter la sortie d'Égypte !


Vous serez comme Na'hchone ben Aminadave, de la tribu de Binyamine, celui qui sauta dans la mer le premier et entraîna le peuple à franchir la mer des joncs (selon Rabbi Yehoudah, certains affirment sans vergogne qu'il aurait été entraîné par le rav P. Lucas). Pour cela achetez (ou empruntez) une Hagada, lisez-la et étudiez sa traduction, les commentaires et explications.

Au menu (en plus des matsote, karpass et marore et des 4 coupes de vin rouge) :

- LA COMPLÈTE : "La Hagada de Pâque , le rituel commenté" par le rabbin Joseph ELIAS (Éditions Colbo, traduction française par le rabbin Jean-Jacques GUGENHEIM, "The ArtScroll Mesorah Series", 1993). 244 pages dont les 11 dernières sont un "additif : variantes sepharades de la Hagada". Rigoureuse par sa traduction et la richesse de ses commentaires et explications, elle ne gênera pas par ses dimensions votre voisin(e). Elle peut paraître sèche comme la matsa mais ses propriétés gustatives en font toujours la Hagada la plus riche !

Commander sur le site de la Librairie du temple (28,50 € ; 23x13,5x2 cm ;  530 gr.)

- L'ILLUSTRÉE : LA HAGADA KATZ, au nom de Rav Eliezer KATZ , toujours traduite par le rabbin Jean-Jacques GUGENHEIM (Édition 'Hinoukh). Superbement illustrée, les pages 112 à 123 sont riches de références et explications ; les pages 124-127, rédigées par Rabbi Morde'haï NEUGROSCHEL, s'intitulent " La sortie d'Égypte : fait ou mythe ? " dont il faut aussi lire et méditer l'introduction pages 9 à 11 sur le seder au camp de concentration de Bergen Belsen en 1945, juste avant la Libération. Votre voisin(e) risque de se coller à vous pour en dévorer les pages...

A priori indisponible sur les sites de la Librairie du progres ou de la Librairie du temple, vous pouvez la commander sur Priceminister.com (31,00 € ; 27x23x1,8 cm ;  848 gr.)


Et pour faire preuve d'érudition : dans sa version originale en hébreu, en 2 volumes, "GVOUROT HACHEM" du Maharal de Prague (Éditions Oz vehadar / Israël)  et en français aux ( extraordinaires, par leur choix et leur richesse éditoriale ) Éditions du Cerf / 1994 : "Les hauts faits de l'Éternel" de Rabbi Yehoudah Leïb  (ou Loew) ben Betsalel, dit le Maharal (Moreinou harav Loew). Plus long à digérer à quelques jours de Pessa'h qu'un kilo de matsot mais quel régal ! Hélas difficile à trouver... Mais le plaisir est aussi de chercher ! Il vous faudra savoir placer les anecdotes et explications sans avoir la bouche pleine et quand vos hôtes seront disponibles, c'est-à-dire durant la lecture puis pendant le repas.

Enfin, n'hésitez pas à lire les seize textes et études rassemblés dans  "Sortir d'Égypte" sous la direction de Shmouel TRIGANO (Editions IN PRESS / PARDÈS N° 46, sept. 2009). Léger en apparence mais lourd de sens : PARDÈS pour les habitués !

Disponible chez amazon.fr (21,85€ ;  210 pages ; 16x24x1,2 cm.)

 Et pour faire tenir les enfants jusqu'à la fin du seder, une devinette à ne dévoiler qu'après le Birkat hamazone ou 'had gadyah :
 - Par quelle compagnie aérienne les enfants d'Israël sont-ils sortis d'Égypte ?
 - Par Air Bamère ...

Bébert le Livreur

dimanche 10 avril 2011

Israela Avtau : Black Jew is beautiful !


Parmi les 120 000 falashas vivant en Israël, Israela Avtau, 23 ans, est la première mannequin noire issue de cette minorité. Depuis leur arrivée dans le pays, voici près de trente ans, les juifs noirs d'Ethiopie sont encore considérés aujourd'hui comme un sous-prolétariat. Comme le souligne la sublime jeune femme dans une récente interview au Jerusalem Post, "contrairement aux Etats-Unis, où la réussite d'un avocat noir est banale, en Israël, ce n'est pas encore le cas". 

La carrière d'Israela, promise selon les spécialistes au même destin que Naomi Campbell, est un rêve pour ses parents, qui ont quitté l'Ethiopie pour Israël en 1984 après trois années d'un long et dangereux voyage. Aujourd'hui, leur fille, après des études brillantes, est l'une des égéries d'Avon aux Etats-Unis.

  
Du haut de ses 1,75 cms, Israela Avtau explique qu'aux USA, "tout le monde la considère d'abord comme Noire. Personne ne pense qu'elle est israélienne" confessant même qu'il lui arrive de rencontrer des américains et des israéliens surpris de l'entendre parler hébreu. A 16 ans, recrutée par la filiale israélienne de l'agence Elite, elle fit pour l'occasion un discours impressionnant de conscience politique, expliquant que "les gens me disent que le Noir ne fait pas vendre, mais je crois que c'est la beauté qui compte, pas la couleur. Je rêve de prouver que c'est vrai." 


Un rêve devenu aujourd'hui réalité pour Israela Avtau, qui vient de réaliser une campagne de pub qui a fait sensation en Israël pour la chaîne de boutiques Factory 54. Entre deux avions pour Honolulu ou Cape Town, la superbe top model avoue être fière et heureuse d'être "de retour en Israël de cette manière".

Alain Granat, d'après un reportage de Dana Rapoport dans le Jerusalem Post Magazine

mercredi 6 avril 2011

Juifs, Arabes : Katerine leur taille un short !


Les paroles du nouveau single de Katerine, "Juifs Arabes", ont le mérite, contrairement aux  textes grotesques du récent album de Johnny, d'assumer totalement leur réjouissante crétinerie. "Juifs, Arabes, ensemble", psalmodié pendant plus de trois minutes, voilà un texte qui, outre son message tout à fait noble, ne demande pas d'effort de mémorisation insurmontable. On attend avec une impatience non dissimulée de voir les fans du chanteur reprendre, façon "Louxor, j'adore", ces paroles en concert, en esquissant la subtile choré réalisée dans son nouveau clip.

C'est en costume d'évêque, coiffé d'une mitre, que Katerine se présente entouré de danseurs huilés et en shorts moulants, dans une boîte (le VIP à Nantes) au décor de club échangiste. Dans une interview à Rue 89, le chanteur explique que le titre « est venu d'une choré inventée dans le tour-bus avec les musiciens, en réalisant que les Arabes applaudissent vers le bas et les Juifs vers le haut. » Vous noterez, en regardant le clip réalisé par son complice Gaëtan Chataigner, quelques subtils détails tels que les gonflements de pectoraux en rythme d'un des danseurs, ainsi que le bide très "bear" de celui qui évolue au milieu de la piste ! Katerine nous fait toujours autant rire, se foutant allègrement des clichés gays comme de la gueule du public, bobo ou pas. Et on en redemande !

mardi 5 avril 2011

La passion antisémite habillée par ses idéologues, de Francis Kaplan


"Une idéologie antisémite n'est pas une erreur intellectuelle, due à l'ignorance, à l'étourderie ou à la bêtise; c'est une passion qu'on habille intellectuellement comme on peut, c'est à dire que non seulement elle est fausse, mais qu'elle n'est même pas plausible de la part de celui qui l'exprime, compte tenu de ce qu'il ne pouvait pas ne pas savoir et/ou de ce qu'il dit par ailleurs. Et cette non plausibilité, comme on le verra, est le fait de personnalités intellectuelles de premier plan, sinon de génies. La valeur intellectuelle ni le génie ne mettent pas à l'abri de la passion." C'est par ces mots que Francis Kaplan, auteur de "La passion antisémite habillée par ses idéologues" (Le Félin), clôt l'introduction de son livre, remarquable étude des idéologies visant à expliquer et justifier l'antisémitisme .

En 15 chapitres consacrés à ces "personnalités intellectuelles de premier plan" ou "génies" dont les écrits ont consacré l'idéologie antisémite, parmi lesquels Pascal, Spinoza, Kant, Hegel, Proudhon, Marx, Simone Weil... Et mettant à part les cas de Renan et Nietzsche, Francis Kaplan démontre brillamment, textes à l'appui, les contradictions inhérentes aux thèses développées par ces penseurs. Replaçant chacune dans son contexte historique, l'auteur met en évidence de façon magistrale l'absence de cohérence dans les discours et argumentations,  mettant en exergue l'aspect purement passionnel à l'origine de ces diverses manifestations d'idéologie antisémite, dont les causes sont fort diverses.


Du cynisme et de la malveillance d'un Wagner dans son célèbre Judaïsme dans la musique, à l'obsession schizophrénique d'une Simone Weil, découvrant adolescente sa judéité pour devenir ensuite la théoricienne acharnée d'un antisémitisme global et abstrait, en passant par la souffrance d' Otto Weininger (né juif et converti au protestantisme, comme le père de Marx) de vivre dans un monde pensé sans Dieu, qui le conduira au suicide, chaque thèse antisémite trouve ses fondements dans la passion. Lorsque Kant parle, dans L'Anthropologie, des Juifs comme d'"une nation de trompeurs... Une nation de marchands", il ne s'agit plus là de doctrine, encore moins de raison, mais de la mise en cause passionnelle d'individus. 


Et lorsque l'imaginaire prend le pas sur l'objectivité, cela conduit, comme le montre bien Francis Kaplan, aux contradictions les plus ahurissantes : pour Kant, les Juifs n'ont pas de morale, pour Nietzche, ils en ont trop... Selon Marx, ils sont contre-révolutionnaires, tandis que Maurras les qualifie de révolutionnaires, et considérés par Proudhon comme maîtres de l'univers, ils sont misérables et persécutés pour Pascal... Ainsi que le souligne l'auteur en évoquant Sartre, (au sujet duquel est consacré  le dernier chapitre, intitulé "Une paranoïa anti-antisémite : à propos de Sartre"), "L'antisémitisme, ce n'est pas une opinion, ou en tout cas, ce n'est que secondairement une opinion; c'est d'abord une passion et cette passion construit l'opinion par laquelle elle s'exprime". "La passion antisémite habillée par ses idéologues" fera sans nul doute référence sur le sujet.  Un livre... passionnant,  ancré dans l'Histoire et ouvertement contemporain dans son propos.

Alain Granat 

Francis Kaplan est professeur émérite de philosophie à l'université de Tours. Il a publié plusieurs ouvrages dont "Marx antisémite ?" (Imago/Berg International, 1990), "La Vérité et ses figures" (Aubier-Montaigne, 1977), "Des Singes et des hommes, la frontière du langage" (Fayard, 2001 ) et plus récemment aux Éditions du Félin : "L'Embryon est-il un être vivant ?" (2008), Entre Dieu et Darwin (2009). 




lundi 4 avril 2011

Yom & The Wonder Rabbis : Superklezmer !


Sous le costume d'un Super Héros qui répand l'amour de la musique avec sa clarinette, Yom, prodige du klezmer, publie "With Love" (Buda Musique), accompagné de son nouveau groupe les Wonder Rabbis. Un troisième opus aux climats psychédéliques, rock, electro et trip-hop, qui fait évoluer la musique klezmer vers de nouveaux horizons particulièrement réjouissants. Par une triste ironie de l'Histoire, l'album s'ouvre sur un sombre "Picnic in Tchernobyl", qui prend ici une dimension visionnaire avec la catastrophe nucléaire de Fukushima.

"Brian Eno est un génie !", s'enthousiasme Yom. Si l'influence de l'immense musicien britannique, producteur de Bowie et des Talking Heads, se fait sentir tout au long des plages de "With Love", c'est aussi l'univers de Sigur Ros, de Radiohead, Massive Attack, voire du clarinettiste jazz Jimmy Giuffre dans ses expérimentations les plus orientalistes, que l'on retrouve dans ce road trip aux confins d'une vibrante Europe de l'Est, dont les frontières musicales iraient allègrement des rivages du Danube aux minarets d'Istanbul.


Entouré de son super groupe, les Wonder Rabbis (Manuel Peskine aux claviers, Sébastien Lété, drums et Sylvain Daniel à la basse), un power trio qui, n'en déplaise aux puristes du klezmer des siècles passés - dont Yom "n'a que faire" - porte le clarinettiste avec une énergie délibérément rock, notre musicien super doué délivre une musique chargée d'histoire et profondément actuelle. L'esthétique pop de l'album est renforcée par une pochette au design comics admirablement réalisée par le dessinateur Pierre Van Hove, qui, dans la grande tradition des Stan Lee et autres créateurs juifs de super héros, nous gratifie, à l'intérieur du superbe digipack, d'un poster à l'ancienne. Notre seul regret : que "With Love" ne soit pas (encore ?) disponible en édition vinyle. Un si bel objet le mérite !

Alain Granat


Découvrez le teaser de Yom & The Wonder Rabbis

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