mercredi 30 juin 2010

Des voix oubliées revivent au son de Blik, pour un concert d'exception

La cour de l'Hôtel de Sauroy, dans le Marais, a accueilli l'un des événements les plus marquants du 6ème Festival des cultures juives, qui vient de se clôturer. Dans cet espace au charme rare, le concert de Blik dédié à Dina Vierny, célèbre muse du sculpteur Aristide Maillol, a transporté un public conquis par le talent de ce groupe, porté par la voix impressionnante de Noëmi Waysfeld.

Après une introduction instrumentale posant le décor de cet hommage, enlevée par le trio composé d'Antoine Rozenbaum (contrebasse), Thierry Bretonnet (accordéon) et Florent Labodinière (guitare et oud), la jeune chanteuse entre en scène, vêtue d'une simple robe noire assortie à sa longue chevelure. La ressemblance avec la Judy Garland des débuts est frappante. Et lorsque Noëmi Waysfeld entame la première chanson de ce récital, on ne peut s'empêcher de penser qu'Une étoile est née.

Pas facile, a priori, d'accrocher un public avec un répertoire majoritairement composé de  ces chants bouleversants, témoignages de la vie des condamnés du Goulag, que Dina Vierny rapporta gravés dans sa mémoire de plusieurs voyages en Union Soviétique. C'était compter sans la formidable énergie de Blik (trois musiciens en parfaite osmose, issus du jazz et des musiques tziganes) et la présence hypnotisante de sa chanteuse. Du festif "Mariage des lesbiennes" à l'émouvante comptine "Le Ruisseau",  le groupe alternera pendant près d'une heure et demie ces étonnantes chansons avec des mélodies yiddish emplies de poésie, arrangées avec finesse. Les pavés de la cour de l'Hôtel de Sauroy résonneront une dernière fois au son de deux rappels, versions débordantes de vie et de swing des standards yiddish "Shnirele perele" et "Yidl mitn fidl", acclamés par un public touché au coeur. 


Blik réussit la gageure de rendre moderne, sans concession à une quelconque mode musicale, un répertoire marqué par l'histoire où le yiddish se marie au russe en totale cohérence. On ne peut que souhaiter à ce jeune et enthousiasmant groupe de trouver un public bien plus large que celui des fans de cultures yiddish et slaves. Mais il faut avouer qu'en quittant le cadre intimiste de la cour de l'Hôtel de Sauroy, où les âmes de Dina Vierny et de toutes ces voix oubliées ont plané pendant cette belle soirée, on se sentait privilégié d'avoir vécu un tel concert.

Crédits photo : Cédric Gaury


 Découvrir les "Chants du Goulag" par Dina Vierny, enregistrés en 1975 sur le label Pathé-Emi

2 commentaires:

  1. J'y étais, vraiment très belle voix de la chanteuse et quelle présence ! Mais je vous trouve bien sympa avec les musiciens, quand même un cran en-dessous...

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  2. André, je trouve bien sévère :-)

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