mardi 16 février 2010

"Frères, Dan et Aaron", un film indispensable

Dan et Aaron sont deux frères que tout sépare, hormis le fait d'être nés juifs. Dan, berger, vit dans un kibboutz et est père de deux enfants, dont l'aîné effectue son service dans une unité de parachutistes. Aaron, docteur en droit et en philosophie, grand érudit de la Torah, arrive d'une prestigieuse yeshiva de Brooklyn pour défendre devant la Cour suprême le rabbin d'une yeshiva de Jérusalem, poursuivi pour avoir soustrait ses étudiants à leurs obligations militaires. Sur fond de procès, la confrontation des deux frères, qui se retrouvent après vingt-cinq années de silence, provoque une émotion intense.

Traitée pour la première fois au cinéma, la question cruciale de la séparation de L'Etat et de la religion en Israël est abordée de façon admirable dans le film d'Igaal Niddam, Frères, Dan et Aaron. Un sujet explosif et essentiel, la confrontation actuelle entre religieux et laïcs risquant, selon le réalisateur, de conduire le pays vers une guerre civile. Ce constat d'un extrême pessimisme est présenté avec une réelle sensibilité, Igaal Niddam ayant eu l'intelligence de ne pas caricaturer le milieu des Haredim, et d'offrir aux spectateurs tous les éléments didactiques permettant d'ouvrir une réflexion objective sur ce problème majeur.




Ovationné par le public parisien du Festival du film israélien en 2009, "Frères, Dan et Aaron" a été récompensé par deux FIPA d'Or (meilleures interprétations féminines et masculines) décernés à l'actrice Orna Fitoussi, pour son interprétation magistrale de l'avocate adversaire d'Aaron, et à Baruch Brenner, qui joue ce dernier. Acteur incroyable de justesse, Brenner, pour son premier rôle à l'écran (Igaal Niddam nous a confié l'avoir découvert lors d'une cérémonie où il officiait comme... Hazan ! L'entendre chanter dans quelques scènes sont des moments d'une rare beauté !), est la révélation du film.

Une oeuvre marquante, qui dénonce l'inquiétante fracture qui traverse Israël. Le film d'Igaal Niddam ouvre un débat nécessaire sur le concept d'Etat juif face à l'intolérance grandissante des extrêmismes religieux, sur les conséquences du poids des partis religieux dans la vie politique de l'Etat, particulièrement sur le processus de paix, et plus généralement sur l'impérieuse nécessité de dialoguer pour mieux vivre ensemble.

La bande-annonce de Frères, Dan et Aaron (sortie : 21 avril 2010)

TWO BROTHERS un film de Igaal Niddam Trailer
envoyé par moadistribution. - Regardez des web séries et des films.

7 commentaires:

  1. Les haredim sont une plaie pour Israel : pourquoi devrait-on payer pour des étudiants à vie, qui ne produisent rien ? Il y en a de plus en plus, et plutôt que de subventionner les yeshivot, il vaudrait mieux aider les centaine de milliers de chomeurs israéliens, qui, eux, aimeraient travailler !

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  2. Bébert le Livreur16 février 2010 à 23:42

    Elie, tu as bien raison. C'est comme le CNRS en France, on paie les chercheurs ( qui ne font qu'étudier finalement et ne produisent pas grand chose !) à étudier...
    Non, je plaisante : il est évident qu'en Israel comme en France, il faut privilégier celles et ceux qui recherchent un emploi plutôt que les étudiants...à vie.
    Ceci dit, les 'haredim feraient mieux , j'en conviens, de travailler et d'étudier.
    Adin STEINZALTZ, dans son remarquable ouvrage " LES CLÉS DU TALMUD GUIDE ET LEXIQUE " publié chez Bibliophane Daniel RADFORD en format allégé par rapport au même volume grand format ( 26,00€ ; mars 2005) écrit ( page 19), rubrique : Les maîtres et leurs disciples : "...la plupart des maîtres ne tirent pas leur subsistance de l'enseignement qu'ils donnent, mais à l'instar des autres travaillent dans l'agriculture, l'artisanat ou le commerce. Quelques-uns, c'est le cas de Rabbi El'azar ben 'Azarya et des membres de la maison du Nassi ( = Av Bet Din, le Président du Grand Sanhédrin, le Tribunal rabbinique ) sont très fortunés, mais la grande majorité appartient à la classe moyenne, et certains sont excessivement pauvres.(...) Seuls de riches héritiers, des hommes qui sont soutenus par leurs parents ou qui ont fait fortune, ont les moyens de se consacrer à plein temps à l'étude de la Torah. "
    D'ailleurs les plus grands sages du judaïsme ont exercé des professions : Rachi viticulteur en Champagne, et Maïmonide, médecin au club Med...
    À méditer...

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  3. Defamation - Hashmatsa (documentary)
    A YOAV SHAMIR FILM
    About Anti semistism
    Anti Sionism
    Religious business
    and more

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  4. Bébert, merci pour ces précisions très érudites ! Je ne suis évidemment pas opposé à l'étude, qui est fondamentale pour certains et contribue à perpétuer l'héritage du judaisme. Ce qui me dérange particulièrement chez les haredim, c'est leur intolérance vis à vis des laics, mais aussi vis à vis des juifs traditionalistes qui n'appliquent pas à la lettre les règles du choulhan arouch. Je connais beaucoup de gens à Jerusalem qui quittent la ville, ne supportant plus les pressions exercées par les haredim envers les habitants moins religieux. Ensuite, le nombre croissant d'étudiants en yeshivot (souvent pauvres, comme tu le souligne) contribue aussi d'une certaine manière à la paupérisation du pays, car ce sont aussi des subventions du gouvernement qui leur permettent de subsister (cf. les sommes délirantes de 400 M$ exigées par le parti Shas pour former une alliance avec Tzipi Livni...) Enfin, beaucoup plus grave à mon sens, le frein que constituent les extrêmistes religieux pour arriver enfin à un processus de paix. Le pire, c'est qu'ils se positionnent clairement comme la nouvelle vague sioniste (afflux d'étudiants de yeshivot provenant des USA, souvent aux avant-postes des colonies, intégrant aussi l'armée pour mieux s'opposer aux démantèlements à venir, etc, etc...). Je vais te paraître très dur, mais je considère que la majorité des haredim constituent un vrai danger pour Israel, au même titre que la plupart des extrêmistes de toutes religions constituent un danger pour les démocraties modernes.

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  5. Bébert le Livreur17 février 2010 à 22:10

    Elie, seras-tu surpris si je partage tes idées, ton analyse ???

    " Rabbi El'azar ben 'Azarya dit : S'il n'y a pas de Torah, il n'y a pas de savoir-vivre ; s'il n'y a pas de savoir-vivre, il n'y a pas de Torah "
    " Rabbi El'azar ben 'Azarya omer : im eyne torah, eyne derekh erets ; eyn derekh erets, eyn torah "
    Michna 17, chapitre 3 des Pirkei avote, Aphorismes des Pères.

    Il est plus facile d'apprendre la Torah que le savoir-vivre !!!
    Nous côtoyons tous les jours des tartuffes, embrasseurs de mezouzote champions de slalom ( pas de shalom, malheureusement !) par tous temps couverts, femmes et hommes qui se comportent honteusement envers autrui, qui se complaisent dans la médisance quotidiennement comme les cochons dans la boue (lire à ce sujet le succulent ouvrage de Sébastien ALLALI:" Leçons de diét-éthique ", Éditions LICHMA, 11,90€ - le prix d'un savoureux sushi et d'une boisson ! - qui intitule son chapitre IV sur " L'interdiction de manger du porc Mauvaise foi et autres cochonneries " , le cochon étant " le symbole de la mauvaise foi - en italique- de la duperie et de l'artifice" pour les sages du Talmud...), qui agissent à l'encontre de ce qui est écrit dans nos textes, qui sont aussi leurs textes qu'ils n'étudient que pour habiller leurs superstitions de rituels dénués de sens et qui oublient D-ieu et ignorent les hommes.
    Heureusement il y a des femmes et des hommes pratiquant(e)s" chomerei mitsvot" , croyants "datim ", qui sont des exemples de droiture morale et de vertu,recherchent la paix et " poursuivent la justice", comme chez les athé(e)s, mais ce ne sont pas nécessairement les plus visibles, les plus voyants...
    Heureusement,aussi, il y a un sage comme le professeur Yeshayahou LEIBOWITZ (1903-1994),médecin, biochimiste et philosophe, spécialiste de Maïmonide, dont je vous invite à la lecture de son oeuvre collecté par ses disciples dont le moindre n'est pas... le psychanalyste Gérard HADDAD.
    Commencez par la lecture de "Yeshayahou Leibowitz, le Retour du Sadducéen " par Ami BOUGANIM, LES ÉDITIONS DU NADIR, de l'Alliance Israélite Universelle, 7,30€ ...
    Heureusement il y eut aussi le Rav KOOK en Erets Israel !

    Effectivement, en France comme en Israel, les barbus de tous poils, les épilées, les imberbes et les rasés de près aussi veulent faire la Loi et imposer aux autres un mode de vie qui leur convient certes mais qui mettent en danger la vie politique, sociale, économique et culturelle et la recherche et la construction de la paix.
    Aidés en cela en Israel par la complicité des "politiques" depuis les débuts du Yishouv avec Ben Gourion, Begin, Rabin, Pérès et Natanyahou qui vont à reculons au Beit haknessete ( la syna !) et la ferm(ai)ent pour obtenir des voix à la Knesset...

    J'ai hâte de voir le film de Ygal Niddam, cette nouvelle version du Rouge et du Noir...

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  6. Tous les religieux antisionnistes? Je pense que la vérité est plus nuancée. oubliez vous que aujourd'hui le poid des religieux au sein de tsahal constitue une masse de plus en plus importante. Savez vous que le Rabbi des Loubavitch demandait à l'état d'Israel de ne pas concéder un metre de terre, ou cela constituera des guerres au sein même de ces territoires. Oubliez vous ces images vues au journal de colons religieux habillés en orange ne voulant pas quitter leur maison.
    Il n'y a aucune unité au sein de l'orthodoxie au sujet de l'état d'israel.Et considérer que tous les religieux sont antisionniste est il me semble un petit peu simplificateur.

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  7. Trés beau film quant à l'histoire trés émouvante mais qui évoque beaucoup de problèmes, à méditer !!!

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