Big Brother, l'émission de téléréalité adaptée en France sous le titre Loft Story, accueille cette saison Andrew Gordon, pédicure de 39 ans originaire de Miami. Pourquoi Andrew a-t-il été choisi par la production ? Est-il atteint de priapisme, est-ce le frère caché de Michael Jackson ? Bien plus croustillant : Andrew est juif pratiquant.
On imagine aisément les réunions de production qui ont précédé le casting de ce candidat : "Cette année, ce serait cool de coller un Juif dans le show, mais un vrai tu vois ? Le genre mec qui bouffe casher et porte une kippa, qui n'allume pas la lumière pendant shabbat, tout ça... Ca va forcément gonfler les autres candidats. Et pour peu que le type soit odieux, ce sera que du bonheur !".
Cerise sur le gâteau, la nouveauté de la saison du Big Brother version US est l'apparition d'un nouveau et terrible personnage : le "saboteur". Ce dernier ne concourt pas pour le prix de 500 000$, mais est chargé, secrètement, de saper les vélleités compétitives des candidats. Et pour bien faire, c'est Andrew, le si sympathique pédicure juif pratiquant, qui est soupçonné par ses camarades de jeu par et les fans du show d'être le vilain saboteur. Gageons qu'Andrew ne prendra pas longtemps son pied au sein du Loft américain, d'autant plus qu'il s'est encore attiré la sympathie de nombreux téléspectateurs en déclarant dans une interview "Je pourrais vivre avec n'importe qui dans la maison, sauf avec des Arabes. Ca me poserait un problème politique." Comme dirait Benjamin Castaldi, "l'important, c'est de rester soi-même".
En matière de télé-poubelle, si les américains sont parfois à la pointe de la créativité, ils sont encore très loin du génie en la matière des producteurs israéliens. Depuis 2 ans, Big Brother a été adapté en Israël sous le titre Haah Hagadol et bat des records d'audience jamais atteints dans l'histoire de la télé locale, avec 40% de la population rivée devant Channel 2 lors des diffusions en prime time. Cette année, le casting a été à la hauteur des attentes d'une société israélienne de plus en plus friande de ce type de programmes : une musulmane pratiquante et féministe propriétaire d'un restaurant à Sheinkin, une mamie d'origine polonaise, une transsexuelle timide, un mannequin sourd, un plombier atteint du syndrome de la Tourette, ou encore un homosexuel sépharade ayant grandi en milieu orthodoxe. Un miroir (déformant ?) de la société israélienne.Mais le scandale est arrivé avec Edna Canetti, militante d'une ONG de gauche israélienne. Qui a eu l'audace de décrire pendant le jeu des scènes humiliantes envers les Palestiniens, vues à des check-points en Cisjordanie. Si, comme le souligne la journaliste Danièle Kriegel dans son hilarant livre "Ils sont fous ces Hébreux !", ces propos avaient été tenus lors d'un débat télévisé, cela n'aurait eu absolument aucun retentissement. Mais dès leur diffusion dans le show, les réactions ont été inouies, à l'image de ce groupe Facebook regroupant des dizaines de milliers d'israéliens demandant qu'elle soit "remise au Hamas en échange du soldat Guilad Shalit", ou du député d'extrême droite qui a exigé que la militante soit traînée en justice pour appel à la sédition .
Les producteurs de téléréalité israéliens cherchent toujours leur prochain Yossi Boublil, ce personnage haut en couleurs, d’origine marocaine, drôle, cru et intelligent mais aussi vulgaire et provocateur, qui avait divisé le pays en pro et anti-boublil pendant la première édition de l'émission, réactivant au passage le conflit askhénaze-séfarade. Boublil avait même eu droit aux honneurs d'un article dans Le Monde, titré "Yossi Boublil, premier ministre d'Israël !". Que du bonheur, on vous dit.
Pathétique, reflet d'une décadence totale, que ce soit en France, aux USA ou en Israel... même combat ! Comme vous dites, que du bonheur ;-)
RépondreSupprimerTrop mignon, le pédicure ! Dommage qu'il soit à Miami...
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