lundi 3 mai 2010

Lisette Model, Esther Shalev-Gerz : 2 expos choc au musée du jeu de Paume

Lisette Model (1901-1983) a souvent été assimilée à l'école de la Street Photography, qui se développa dans le New York des années 40 avec les clichés réalisés par Weegee, Helen Levitt, Roy de Carava... Un style documentaire, pris sur l'instant et photographié "avec les tripes", comme l'expliquait Lisette Model, qui enseigna par la suite à des générations de photographes.

Née en Autriche dans une famille de la grande bourgeoisie juive,  Lisette Stern s'installe à Paris dans les années 30 tandis que sa mère, d'origine française, rejoint Nice. C'est là que la jeune photographe, qui se destinait d'abord à une carrière musicale (formée par le compositeur Arnold Schönberg), réalise en 1934 sa première et célèbre série, la "Promenade des Anglais", portraits acides des bourgeois oisifs de la Riviera. Elle rencontre à la même époque le peintre russe Evsa Model, qu'elle épouse en 1937. Un an plus tard, Lisette et Evsa quittent l'Europe et ses persécutions antisémites pour New York.


De ses photos des habitants misérables du Lower East Side à celles du public enveloppé de fourrures grotesques de l'Opéra de San Francisco, en passant par ses séries très graphiques comme "Running Legs" (où elle capte les pieds de passants pressés dans les rues de New York) et les étonnantes "Reflections"(visant de son objectif des vitrines de boutiques reflètant les passants et l'architecture des gratte-ciels), rejaillit une force immédiate.

Lisette Model reste une photographe de l'instinct, dotée d'un regard et d'un sens de l'humain hors du commun. En témoignent les superbes tirages exposés au Jeu de Paume, qu'ils soient pris dans des night-clubs ou dans la rue, lors de concerts de jazz, dans des soirées huppées ou dans des bars minables. Si l'on regrettera une scénographie trop conventionnelle, cette exposition reste incontournable pour tous les amateurs de photographie.



Et lors de votre visite au musée du Jeu de Paume, ne manquez-pas les installations consacrées à Esther Shalev-Gerz, artiste née à Vilnius, qui a grandi en Israël et vit à Paris depuis 1984. Ses créations,  entre vidéos, photographies et sculptures, intimement liées à un dialogue actif entre l'histoire, les gens et leur vécu, sont une source intense de réflexion. On peut notamment, au long du parcours dédié à cette artiste, découvrir une remarquable installation consacrée aux objets trouvés sur le terrain du camp de Buchenwald, objets dont l'histoire est racontée au travers des regards et récits d'archéologues, restaurateurs, photographes et historiens. Ces oeuvres, tant artistiques que politiques, impliquent profondément le spectateur.


Jusqu'au 6 juin 2010, Musée du Jeu de Paume, 1 place de la Concorde, 75008 Paris (fermeture le lundi), renseignements : 01 47 03 12 50 (entrée 7€, 5€ tarif réduit)

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