Souvenirs impudiques dans une ancienne synagogue est le titre de l'exposition de l'artiste belge Serge Goldwicht, qui sera présentée le 25 mars dans un lieu particulièrement étonnant. L'ancienne synagogue bruxelloise dont il est question ici portait le nom de Ahavat Reïm, et est aujourd'hui l'atelier du plasticien Jean-François Jans. Les oeuvres présentées reprennent un thème cher au peintre, le judaïsme et plus particulièrement la Thora, Goldwicht se jouant des lettres sacrées au travers de thèmes érotiques. Une démarche que l'artiste, dont plusieurs oeuvres ont été acquises par le Musée Juif de Belgique, dévoile pour jewpop.
La série d'oeuvres, datant de 2000 et intitulées "Kunst macht frei" suit celle des représentations de la Thora réalisées par l'artiste, qui lui vaudront le "Prix de la jeune peinture belge " en 1980. "Kunst macht frei" est, nous a déclaré Goldwicht, le "début d'une grande catharsis personnelle". Le peintre raconte que, né en 1954, il n'a pas connu la guerre, mais qu'il l'a vécue "A travers les histoires de ses parents", qui lui ont transmis une "chose curieuse". "Quand ils parlaient yiddish entre eux et que quelqu'un de non-juif approchait" explique-t-il, "ils faisaient... Chut ! Cela, mêlé au magasin de vêtements et à la cuisine de ma mère, m'a construit une certaine vision du judaïsme". Goldwicht précisant que "Quelques années plus tard, rencontrant des auteurs comme Edmond Jabès et le vocable "Jouif"", il comprit qu'"une autre voie existait, qu'à la libération des camps devait succéder une libération mentale".
L'exposition actuelle est la "suite de l'élaboration d'une fiction" que l'artiste a débuté en 1977, et dont le Musée Juif de Belgique conserve des traces dessinées, comme "Graffitis obscènes découverts dans le ghetto". Dans un article écrit par Camille Meyer, à paraître en avril dans la revue du Musée Juif de Belgique, la démarche de Goldwicht, "archéologue des signes et du présent", "chercheur de ses origines juives", est ainsi décrite : "Il ne cesse finalement d'interroger sa judéité, sa belgitude et son autobiographie en constituant un catalogue d'objets et de signes clamant la difficulté de vivre dans le non-lieu conjugué de la belgitude et du judaïsme. Il décrit son oeuvre de quasi kabbalistique contemporaine, d'approche originale, où l'art et la philosophie se mêlent dans l'évidence... Après avoir exploré pendant quinze ans la Thora et l'écriture, et après avoir plongé dans sa belgitude, il nous revient dans une interrogation judaïque, entre Mel Brooks et Roland Topor (S.G.)."
Goldwicht explique encore que "Nous ne sommes pas loin de la mystique, là où D'yeux (Jabès) et le désir (Freud) se rejoignent. Entre auto-dérision et absolue liberté d'expression, ses oeuvres, particulièrement marquantes, font finalement écho à l'un des plus beaux textes érotiques qui soit, le Cantique des Cantiques. L'artiste concluant à propos des toiles et dessins présentés dans cette exposition radicalement jouissive : "Finalement c'est la vie. Lechaïm !"
Alain Granat
Alain Granat
L'exposition "Souvenirs impudiques dans une ancienne synagogue", qui se tient dans l'ancienne synagogue Ahavat Reïm, rue Dethy, 73b, à Bruxelles, accueillera également le photographe Christian Carez et le cinéaste Boris Lehman, tous deux invités à prolonger la démarche.
Vernissage : vendredi 25 mars 2011 de 18h à 22h
L'exposition est accessible les samedi 26 et dimanche 27 mars ainsi que les samedi 2 et dimanche 3 avril, de 14h à 18h.
Merci Jewpop pour cette découverte :)
RépondreSupprimerImpudique et passionnant ! je ne connaissais pas cet artiste, merci
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