lundi 7 décembre 2009

Vol au-dessus d'un nid de cocus


Axelle Ropert, critique de cinéma (La Lettre du cinéma, les Inrocks, Canal+...), a vu son premier film, La famille Wolberg, encensé par la quasi-unanimité de ses confrères. Sans soupçonner une quelconque forme de bienveillance corporatiste, la lecture de certaines critiques dithyrambiques laisse pourtant perplexe... Sur un beau sujet, déjà traité sous d'autres formes (La famille Tennenbaum de Wes Anderson, notamment), Axelle Roppert livre une vision originale du cadre familial (a priori idéal), dans un paysage provincial où sourd l'ennui, digne de Rohmer, et au travers de personnages portés par un casting exemplaire. Simon Wolberg, le père/mère-juive (et mère-maire de la ville, tout un symbole...), superbement interprété par l'extraordinaire acteur belge François Damiens (Oss 117, Taxi 4, Dikkenek), Valérie Benguigui, émouvante et voluptueuse à souhait en épouse étouffée mais toujours attachée à son époux, Jean-Luc Bideau, excellent en grand-père iconoclaste, ou encore Jocelyn Quivrin, pour sa dernière apparition au cinéma, dans un rôle d'amant joué à la perfection, sont tous parfaits. Mais les performances d'acteurs n'effacent pas l'impression d'ennui (involontaire) qui s'installe, passées quelques scènes très réussies, comme les deux confrontations du mari et de l'amant. Des dialogues trop écrits (n'est pas Truffaut qui veut...) font souvent sonner faux ce film qui paraît vouloir se jouer des conventions (Simon Wolberg est juif, donc il peut se permettre une blague antisémite sur Auschwitz... L' amant est forcément "blond", mais lucide sur sa condition d'amant...). On ressort de La famille Wolberg avec un sentiment étrange et mitigé : comme si émotion et prétention se disputaient à tour de rôle la part des choses. Mais ne serait-ce que pour l'incroyable François Damiens, ce premier film mérite le détour. Et puis, une réalisatrice qui fait de son héros un fan et collectionneur de 45t de soul music, et qui parsème son film de chansons de Chuck Jackson ou des Supremes, ne peut être définitivement blâmée.

3 commentaires:

  1. Assez d'accord avec votre critique : c'est un film que j'ai trouvé "boursouflé". Quelques scènes qui frisent le ridicule (la fin, notamment, où le héros s'écroule en larmes), d'autres où on a l'impression que les acteurs jouent complètement "à côté", des clichés un peu partout (ah, le beauf "bohème", un poème !), c'est bien dommage. L'idée de départ était belle, les acteurs sont parfois épatants, mais on sent le "film d'auteur" français qui se regarde le nombril.

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  2. Moi, j'ai adoré ce film, qui baigne dans une atmosphère de tendresse. Ok, peut-être quelques maladresses par-ci par-là, mais au final un vrai moment de poésie, dont je suis ressortie émue.

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  3. Moi aussi, j'ai été impressionné par l'unanimité des critiques : à croire que la "profession" est vraiment beaucoup plus indulgente avec un des leurs que lorsqu'il s'agit du premier film d'un "anonyme"... Et en sortant de la salle, je me suis dit qu'on avait pas vu le même film. Si le début installe une atmosphère originale, la suite est désastreuse (dialogues ridicules du genre : "Faire l'amour n'a rien de scandaleux ! réponse de Simon Wolberg : "Si, l'amour est un scandale"...). Quant à la dimension "juive" des personnages, elle est tellement stéréotypée (nostalgie et angoisses de Simon et de son père, notamment) qu'on en arrive à ne pas s'attacher aux personnages. Impression que la réalisatrice est passée à côté de son sujet, et film globalement statique (mise en scène inexistante) et ennuyeux.

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