lundi 30 mai 2011

Big Brother sur les plages de Tel-Aviv


Dès cet été, les 13 plages de Tel-Aviv seront dotées de caméras censées améliorer la sécurité des lieux et notamment diminuer le nombre de vols à la tire. Une initiative de la municipalité qui devrait faire des heureux, puisque les images filmées (24h / 24) par ces caméras seront diffusées sur... un site Internet, afin de "permettre aux Tel-Aviviens de choisir leur plage, et aux surfeurs les meilleurs spots" ! Gageons que l'audience de ce site va rapidement grimper, avec la température et l'affluence des estivants.


Outre les questions délicates liées à la vie privée des personnes filmées sans leur consentement, se pose celle de la plage réservée aux orthodoxes, qui se trouve fermée à l'heure actuelle pour rénovation. Le rabbin Uri Maklev, membre d'une commission de la Knesset chargée des questions d'aménagements publics, s'est en effet plaint auprès du maire de Tel-Aviv de l'installation de ces caméras, posant problème pour la "modestie" des Haredim. Dans un état désastreux depuis l'hiver, cette plage, qui fait notamment face à la plage gay, manquerait de plus de barrières de séparations, en vue de préserver la quiétude des familles religieuses face aux images sodomesques visibles alentour. On peut parier que la Knesset interdira l'installation de caméras côté Haredim, sans doute désormais le seul carré de sable de Tel-Aviv permettant de bronzer sans être maté par des millions d'internautes.

Alain Granat

Photos copyright Jewpop

mercredi 25 mai 2011

Infiltration douloureuse


Le roman majeur de Yehoshua Kenaz "Infiltration", adapté par le réalisateur Dover Kosashvili ("Mariage tardif", "Cadeau du ciel"), offre une vision bouleversante et tragi-comique de l'univers militaire israélien des années 50, à travers un groupe de jeunes recrues aux antipodes des soldats emblématiques de Tsahal. Les héros d'"Infiltration" ont 18 ans, arrivent de kibboutzim, de bidonvilles, des quartiers huppés de Jérusalem. Tous, ou presque, souffrent d'un handicap physique ou psychologique qui les empêchent de servir dans une unité combattante. Humiliation suprême dans un contexte idéologique où les mythes fondateurs du jeune Etat glorifient un soldat israélien pionnier et combattant.

De l'oeuvre dense et magistrale de Kenaz, le cinéaste israélien d'origine géorgienne, s'appuyant sur un casting impeccable et une réalisation dépouillée, a conservé le juste équilibre entre psychologie des personnages et traitement dramatique. Allant même jouer sur le terrain d'un Robert Altman avec "M.A.S.H.", lors de scènes délibérément comiques, ou sur celui de Stanley Kubrick, avec le personnage de l'instructeur Benny, sadique et mielleux à souhait (admirablement interprété par Michael Aloni), qui n'est pas sans rappeler celui du sergent Hartman de "Full Metal Jacket".


Il n'est pas question de guerre dans "Infiltration", mais de l'expérience à la fois traumatisante et fondatrice vécue par des anti-héros, aux origines ethniques diverses, reflets des multiples aspects de la société israélienne. De Ben Hamo, le juif marocain homosexuel (Assaf Ben Shimon, éblouissant !), à Alon, le kibboutznik ashkénaze blond, personnage central du film et obsédé par son désir d'intégrer le corps d'élite des paras, tous vont éprouver, au cours de ces trois mois de formation militaire, cette "infiltration" qui s'insinue dans les corps et les esprits. Entre le mépris des officiers, la violence sourde d'un groupe humain disparate, comment se cimente un "esprit national israélien" ? 


Kenaz avait remarquablement dépeint, dans son roman, le sentiment de ces jeunes hommes, qui, par delà les barrières sociales ou culturelles, se retrouvaient dans un engagement collectif. L'un de ses personnages, Double-Zéro, clôturait le livre en apprenant qu'il est père, et s'écriait " J'ai un enfant sabra. Sabra comme eux, et il nous montra du doigt. Il parlera l'hébreu comme ils le parlent. Il ne connaîtra aucune langue étrangère, seulement l'hébreu, et il va apprendre leurs chansons. Mon enfant, je ne vais pas lui donner un de ces noms affreux de l'étranger, Lupu, Mupu, Berko, Chmerko. Je vais lui donner un nom de sabra, un de ces noms nouveaux, pas un nom de pauvre type. Je vais l'élever comme ces enfants beaux et forts, pour qu'il soit digne de ce pays. Il ne deviendra pas une merde comme moi.". 

Le film de Dover Kosashvili, projeté pendant le Festival du film israélien de Paris, a choqué quelques rares spectateurs, qui ont reproché au réalisateur, lors du débat qui a suivi la projection, de donner une "image fausse et négative de l'armée israélienne". L'un des grands mérites de ce film, fidèle à l'esprit du roman de Kenaz, est de montrer sans exagération ni caricature, en s'attachant à des personnages intenses, le contexte historique de ces années 50 et la place essentielle de l'armée dans la constitution de la société israélienne. Loin de toute morale ou phraséologie sioniste, "Infiltration" est  tout simplement le miroir d'un pays en devenir.

Alain Granat


Infiltration
Bande annonce vost publié par CineMovies.fr - Les sorties ciné en vidéo


lundi 23 mai 2011

Mazal, l'électrochoc séfarade


"Electro-Séfarade", ou encore "Ladinelectro", la fusion entre chants séfarades traditionnels et musiques électroniques est enfin mise en sons avec le premier et très réussi album de Mazal, "Axerico en Selanik"(Tzadik). Une idée réjouissante et particulièrement bien réalisée par le duo originaire de Poitiers, composé de la chanteuse Emmanuelle Rouvray et du multi-instrumentiste Thomas Baudrillard, qui a séduit John Zorn, le fondateur du mouvement  "radical Jewish Culture" et patron du prestigieux label Tzadik. La voix de Mazal a dévoilé pour Jewpop la genèse du projet.


"En 2003, j'ai rencontré à Barcelone des argentins séfarades qui réhabilitaient une synagogue et qui collectionnaient les chants séfarades. Ils m'ont mis à disposition leur fonds et j'ai ensuite poursuivi les recherches en voyageant (Espagne, Maroc, Cuba) et en essayant de rencontrer, dans ces différents pays, des juifs séfarades toujours détenteurs de la tradition chantée. Mazal a d'abord débuté de façon acoustique avec Noj Prosper à la guitare puis Sophie Sabourin au violoncelle." explique Emmanuelle Rouvray. "En 2004, la rencontre avec Thomas Baudriller, musicien poly-instrumentiste notamment dans le groupe Gong Gong, a donné une autre direction au groupe. Nous avons été curieux de réunir nos univers musicaux très différents et avons de suite pris beaucoup de plaisir à travailler sur cette rencontre musicale, mais le premier jet est resté confidentiel" poursuit la chanteuse. 

"En 2009, nous avons eu envie de retravailler ensemble et de donner à Mazal une énergie forte et dansante. Œuvrant parallèlement sur le live et l'album "Axerico en Selanik", nous avons donné notre premier concert electro-séfarade au mois de juin 2009. Dans la même période, nous avons envoyé spontanément notre album autoproduit à John Zorn, qui nous a répondu quelques jours plus tard en nous invitant à rejoindre son label Tzadik. Nous avons donc retravaillé le mixage de certains titres et un an plus tard, en avril 2011, l'album est sorti dans la série Radical Jewish Culture".


John Zorn présente "Axerico en Selanik" en des termes particulièrement élogieux, qualifiant le disque "d'un des plus étonnants albums sortis ces dernières années sur Tzadik" ! Effectivement,  le premier opus de Mazal évite l'écueil des fusions gratuites, où l'electronica servirait de prétexte à l'exploitation commerciale d'une tradition musicale. Ici, sincérité et imagination sont au pouvoir, emportant l'auditeur dans une transe aux parfums ladino, autour de samples malins et de programmations terriblement efficaces, qui habillent avec perfection la voix hypnotique d'Emmanuelle Rouvray. Au final, cet album dégage une formidable énergie, avec des titres calibrés pour les clubs comme les très groovy "Zimbolucha", "Oy Kalelumbror" ou encore "Dame La Mano", mais aussi des plages plus contemplatives telles que "Axerico" ou "La Hermana", se concluant par une version particulièrement créative de la sublime chanson "A la Una". Outre la fierté d'être le seul groupe français, avec Autoryno, à avoir signé sur l'extraordinaire label de John Zorn, Mazal peut se targuer d'avoir réussi son pari musical. Il ne reste plus qu'à leur souhaiter maintenant le même succès qu'un Gotan Project.

Alain Granat


Découvrez "Oy Kalelumbror" en live


mardi 17 mai 2011

San Francisco bientôt coupé du monde ?


Connaissez-vous les "Intactivistes" ? C'est ainsi que se sont baptisés les militants américains anti-circoncision, qui s'apprêtent à soumettre aux autorités de la ville de San Francisco un  texte de loi visant à interdire la circoncision avant l'âge de 18 ans. Une pétition ayant déjà recueilli plus de 12 000 signatures leur permet, selon les règles électorales en vigueur en Californie, de faire soumettre à référendum cette proposition devant les électeurs de la ville, qui voteront en novembre prochain pour ou contre la circoncision. En cas d'adoption du texte, les peines encourues pour non respect de la loi seraient de 1000$ d'amende et jusqu'à un an de prison !



Si les organisations juives et musulmanes font évidemment campagne contre ce texte et veulent intensifier leur mouvement auprès des communautés asiatiques et hispaniques, les opposants aux Intactivistes estiment qu'en cas de succès du référendum, la loi serait de toute façon annulée par la Cour Suprême, puisqu'elle violerait le principe de liberté du culte inscrit dans la Constitution américaine. Alors que le débat fait rage, jusqu'au sein de la communauté juive américaine, où selon des statistiques récentes, de plus en plus de juifs libéraux (selon la dénomination américaine) ne pratiquent plus la circoncision, le leader des militants anti-circoncision se réjouit d'avoir mis sur la table un sujet qu'il qualifie de "tabou", dans un pays où plus de 65% des enfants mâles sont circoncis.


Nonobstant les études relatives aux diminutions des risques de transmission du Sida réalisées en Afrique sur des sujets circoncis, les Intactivistes affirment que l'opération provoque des risques pour la santé, diminue les capacités sexuelles et surtout estiment que cela relève d'un choix personnel, non de celui imposé à l'enfant par ses parents. Un débat qui n'est pas limité aux Etats-Unis, puisque le Conseil d'Ethique médical norvégien a demandé l'année dernière l'interdiction totale (hors raisons médiales) de la circoncision dans le pays. Le gouvernement n'avait pas donné suite, mais la proposition revient aujourd'hui par la voix du Médiateur officiel norvégien, au grand dam de la communauté juive locale. En France, peu de risques de voir un gouvernement trancher la question, définitivement sensible.

Alain Granat

Jewpop vous recommande vivement "La Lamentation du prépuce", hilarant roman de Shalom Auslander lié au sujet, ainsi que le remarquable ouvrage de Patrick Banon, "La Circoncision, enquête sur un rite fondateur"(In Folio), que vous pouvez commander sur Amazon.fr (22,80€)


mercredi 11 mai 2011

Des shampooings bio de la Mer Morte au poil !




Les propriétaires de chiens ne reculent vraiment devant aucun sacrifice pour que leurs animaux chéris aient le pelage le plus doux et soyeux possible. Avec le succès grandissant des produits de soins issus de la Mer Morte, la société de cosmétique israélienne Minerals s'est diversifiée sur le marché canin, développant la ligne "Mystic Sea" destinée aux chiens, dont les ingrédients principaux sont évidemment le sel et la boue de la Mer Morte, à "l'action aussi bénéfique pour le pelage que pour la peau".

Selon Jonathan Ravallec, directeur de La Pet Avenue première boutique en ligne  française "entièrement dédiée au bien-être des chiens, des chats, des rongeurs et des furets", "Nos clients utilisent pour leur propre usage des produits Bio à base d’Argan ou de sel de la Mer Morte. Ils veulent également pour leurs chiens des produits de qualité, faits à base de produits naturels". Ceux de la gamme Mystic Sea ont été "cliniquement testés par des vétérinaires. Ils sont tous hypoallergéniques et faits à base d'ingrédients naturels, ont tous un PH compatible avec la peau du chien et sont sans paraben". Wouf !

Mystic Sea propose des shampooings pour poils longs, pour chiots, antiparasitaires et le shampooing à usage fréquent pour tous les types de pelage, mais également la crème de beauté qui "régénère le poil et lui restitue force et brillance en à peine quelques applications". On apprend par ailleurs, en se rendant sur le site de Pet Avenue, qu'avec le shampooing minéral pour chiots, "le rite du bain de votre chien se transformera en un véritable moment de Spa", ou encore que le "Masque Mud" , "masque au doux parfum de melon et concombre, vous donne un résultat immédiat lumineux" !


Mais pour offrir un vrai massage à la boue de la Mer Morte à votre toutou, il faudra vous rendre à Tokyo, où le salon d'esthétique canine Jennie's propose un soin pour la modique somme de 10 000 yens (86€), prix proposé pour les "petits chiens".  Si votre animal de compagnie est plus proche du pittbull, comptez le triple. Quand on aime, on ne compte pas.

Alain Granat

mardi 10 mai 2011

Faille, d'Albert Bensoussan


Jewpop remercie l'écrivain Cathie Fidler, auteur du recueil de nouvelles "Histoires floues" (Edilivre) dont nous nous sommes fait l'écho, de nous faire partager cette très belle chronique, publiée sur son blog "Gratitude".  


Ce livre d’une soixantaine de pages prouve que le poids des feuillets n’est rien comparé à la charge du séisme émotionnel qu’il provoque chez le lecteur, et en l’occurrence, la lectrice. Il y est question, très simplement résumé, de l’accompagnement par un homme, jour après jour, de sa femme atteinte d’une maladie dégénérative incurable. Le sujet a de quoi faire fuir, me direz-vous. Être confronté à la souffrance d’autrui, personne n’a envie de cela, quand le quotidien ordinaire est déjà si difficile à affronter pour ceux qui sont en bonne santé ! 

Et pourtant, c’est là qu’intervient la vraie littérature. Cet art qui transforme l’horreur en beauté, le sordide en tragédie ; qui fait d’une expérience individuelle quelque chose de l’ordre de l’universel, qui résonnera pour chacun et chacune d’entre nous de manière très personnelle, voire intime. Albert Bensoussan est un génie des mots, et du cheminement de la pensée. Il est fascinant, autant qu’émouvant, d’en suivre la piste à travers le temps et l’espace. Son récit - qui donne tout son sens au terme d’autofiction - nous entraîne en une succession d’échos, d’une fin de vie à une mort, mais aussi, d’une vie à une autre, sur les traces de l’amour. 

Dans ce petit livre, il dit tout : Le chagrin de la perte, les prémices de la passion, son déroulement, et la jalousie qu’elle suscite ; la joie d’observer le ventre d’une jeune femme enceinte, le souvenir heureux des moments de soleil, et de musique ; la force de la tradition hébraïque, et sa place dans la vie d’un homme ; l’exil, l’enracinement ; la déchéance. Sol y sombra. Tout y est, dans un désordre parfait. Sur fond de « maison de vie dernière » (pour ne pas parler de dernière demeure) et de soins quasi-palliatifs, de détails poignants de réalisme, et de larmes bues, Albert Bensoussan nous parle de ce qui nous touche tous, sans jamais tirer sur les ficelles du pathos. C’est douloureux, comme peut l’être le souvenir d’un bonheur évanoui, mais si puissant !

Et puis, il y a cette note (involontairement ?) rassurante pour nous autres femmes : Celle qu’il aime, et à qui jusqu’au bout, il prouvera son amour, l’a trompé. Mais pas comme vous le comprenez. C’est sur son âge que Maria Elena lui a menti, et elle ne l’avouera que très tardivement ! Pendant des années, le héros a passionnément aimé une femme bien plus âgée que lui. Quel réconfort pour toutes les femmes que le monde contemporain assassine une fois la trentaine passée, de se voir assurer que l’esprit et la séduction n’ont pas d’âge ! (Même si, je l’avoue, je n’en doutais pas vraiment en regardant autour de moi !) Et aussi, on est renversée : Est-il vrai qu’un homme peut aimer à ce point ? Ne pas s’échapper dès la première fuite, ne pas se dérober quand l’esprit et la mémoire flanchent, ne pas renoncer quand la chair faiblit ? Au point d’accomplir les tâches les plus humbles, soulager, nettoyer…. ? C’est ici rendu aussi beau et digne que convaincant. 

Ultime délicatesse : dans son récit, Albert Bensoussan insère des paragraphes entiers d’un texte écrit, il y a bien longtemps, par sa propre épouse, Matilda et qu’il a fait publier en même temps que FAILLE. Ce livre s’appelle LA CÉSURE. Il raconte le moment où le destin d’une femme a basculé d’une mort virtuelle vers la vie réelle grâce à des circonstances en apparence létales. Le passage soudain du statut d’épouse ligotée à celui de femme libre y est photographié, avec une étonnante alternance de distances focales, et rendu dans un noir et blanc tout en nuances. Les textes s’entremêlent dans FAILLE comme les jambes de deux amants, en un ballet étrange et lancinant. Le héros de FAILLE a été pour l’héroïne « le cadeau de sa quarantaine » ; et elle, on l’a compris, le cadeau d’une vie. Pour les lecteurs d’Albert Bensoussan, ce livre est un cadeau, tout court. 

Cathie Fidler 


Albert Bensoussan a publié en 2010 « BELLES ET BEAUX » aux Éditions Al Manar, ainsi qu’une biographie de Federico Garcia Lorca, chez Gallimard - et bien d’autres ouvrages avant cela. Il est également, en collaboration avec Anne-Marie Casès, le traducteur de Mario Vargas Llosa (Prix Nobel de Littérature 2010).
FAILLE, d’Albert Bensoussan, ed. APOGÉE
LA CÉSURE de Matilda Tubau-Bensoussan, ed. APOGÉE


lundi 9 mai 2011

Mezek, quand Israël volait de ses propres ailes


Pour la première fois dans l'Histoire de la BD, la guerre d'Indépendance d'Israël est  abordée au travers de personnages hors du commun, sur fond de combats aériens. Le "Mezek", qui donne son titre à l'album (Editions Le Lombard, collection "Signé"), était la version tchécoslovaque du célèbre chasseur Messerschmitt 109, utilisé par la Luftwaffe pendant le second conflit mondial. A la carcasse de l'avion allemand avait été rajouté un moteur de bombardier tchèque, rendant l'appareil particulièrement lourd et dangereux à piloter, d'où son surnom de "mule" (mezek, en tchèque). 

Ce sont deux poids lourds de la BD franco-belge, le dessinateur André Juillard, qui a repris la série des "Blake et Mortimer" après le décès de son créateur Jacobs, et le scénariste Yann, co-auteur des albums "Pin Up" et du "Grand Duc", qui ont donné vie à ces pages méconnues de la guerre d'Indépendance de 1948. Une histoire basée sur des faits réels, presque déroutants, puisqu'outre celui de voir la jeune armée israélienne utiliser du matériel d'origine allemande pour sa survie,  on apprend que, par une incroyable ironie de l'Histoire, parmi les mercenaires venus combattre aux côtés des premiers aviateurs israéliens se trouvaient aussi d'ex-pilotes de l'armée de l'air allemande. 


Yann a pris pour héros un pilote mercenaire, Bjorn, qui cache un lourd secret à ses camarades de combat. On est loin, dans "Mezek", des histoires à la "Buck Danny", la guerre de 1948 étant traitée ici sous l'angle d'une intrigue psychologique autour d'un personnage complexe et ambigu, dont plusieurs femmes tombent amoureuses (le dessinateur André Juillard étant aussi remarquable dans son traitement des nus que dans ses croquis d'aviation !). 

Comme le souligne l'auteur, "il y a eu plus de morts au décollage et à l'atterrissage. Ca n'a rien à voir avec la Bataille d'Angleterre... Il n'y a pas eu de moments très glorieux !". S'appuyant sur la passionnante histoire du pilote anglais Gordon Levett, "Le Ciel t'aidera", Yann et son complice Juillard livrent une BD particulièrement originale, qui a le mérite d'aborder un sujet rare, traité avec finesse et une réelle objectivité historique.

Alain Granat

Visuels copyright André Juillard et Yann / Editions Le Lombard, collection Signé 


Les fans de BD ne manqueront pas le superbe carnet de croquis avec commentaires des auteurs + repères historiques en fin d'ouvrage, intitulé "Mezek, naissance d'une bande dessinée" (28, 40€ chez Amazon.fr)

Une interview des auteurs de "Mezek" sur Fr.3 :





jeudi 5 mai 2011

Hasidic, c'est chic !


Le trilby, ce chapeau aux bords étroits, connut son apogée au début des 60's, couvre-chef favori de Sinatra et porté par les musiciens de jazz et de soul music. Symbole d'une cool attitude, relancé ensuite dans les années 80 avec la vague du ska, il est l'un des accessoires trendy de l'été, tant côté mode homme que femme. Sera t-il détrôné par le Borsalino à large bords porté par les Loubavitch ? C'est la tendance qui pointe du côté de New-York, rapportée par le New York Times.

Les bobos de Brooklyn, épicentre de la branchitude new-yorkaise où se côtoient Hipsters et la plus importante communauté juive orthodoxe des USA (basée dans les quartiers de Williamsburg et de Crown Heights), semblent se convertir au port du chapeau favori des Hassid. La preuve en image, selon le NY Times, avec le rappeur Theophilus London, nouvelle égérie de la griffe de maroquinerie et de chaussures Cole Haan.

Si les "Hipsters" tels que Theophilus London, qui a déclaré au quotidien new-yorkais être tombé en arrêt devant la vitrine du mythique chapelier de Williamsburg "Bencraft Hatters", ont souvent été séduits par des accessoires issus d'univers très divers, et certains créateurs par le monde religieux, cela n'explique pas pour autant le retour en force du Borsalino à large bords dans les rues de New-York. 


Pour Maya Balakirsky Katz, auteur de “The Visual Culture of Chabad”, passionnant ouvrage sur l'esthétique hassidique, "Cette tendance est issue de l'impact de la série tv Mad Men. Dans les années 50, quand les Mad Men de l'époque portaient des Borsalinos, les étudiants des yeshivoth qui vivaient à Manhattan se disaient "Voilà la façon de s'approprier leur culture", et ce style est à nouveau à la mode". Que vous adoptiez le look hassid avec un modèle Puertofino (celui choisi par Theophilus London, 120$ chez Bencraft Hatters) ou restiez fidèles cet été au trilby, une chose est sûre, le chapeau est définitivement de retour, et fera tourner les têtes !

Alain Granat

Copyrights photos : Jewpop, Cole Haan, Mister Mort

Les fashionistas et amateurs de photos ne manqueront pas de consulter l'excellent blog  Mister Mort de Mordechai Rubinstein, ex-étudiant en yeshiva et photographe de street-art.

mardi 3 mai 2011

La Mer Morte mise à nue


Spencer Tunick, l’artiste mondialement connu pour rassembler des centaines de volontaires nus et les prendre en photo a lancé son dernier défi en date : plusieurs milliers d’Israéliens, nus, à la Mer Morte ! Jonathan-Simon Sellem, rédacteur en chef de JSS News, nous dit tout sur l'événement.

Cette opération est destinée, selon l’artiste, à « attirer l’attention sur la détérioration de la situation environnementale de la mer Morte ». Suite à la prise de photos, une exposition sera organisée et le photographe espère recueillir 50.000€ pour en faire don à des organisations non-gouvernementales qui œuvrent pour la protection de la Mer Morte.


La Mer Morte, endroit le plus bas de la planète, est mondialement connue pour ses pouvoirs thérapeutiques sur les problèmes de peau. Son sel et sa boue sont vendus dans le monde entier et permettent de soigner bien des maladies autrement incurables. Les minéraux de la Mer Morte sont toujours considérés comme étant les secrets de la beauté de Cléopâtre.

En 2008, l’artiste israélienne Sigalit Landau avait posée nue dans la Mer Morte en compagnie de… 500 pastèques !



Tunick a brisé les stéréotypes, les conventions et les tabous en Europe, Asie, Afrique, Australie et en Amérique au point où, depuis 1992, il a photographié plus de 100.000 personnes nues.
Jonathan-Simon Sellem – JSSNews

Le site de Spencer Tunick, sur lequel vous pouvez retrouver les photos de ses installations, et vous inscrire pour poser comme modèle.

Vous pouvez contribuer au projet en effectuant une donation sur le site Kickstarter.com
Fin de l'opération, le 6 juin : à ce jour, plus de 12 000$ ont déjà été réunis.

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