jeudi 31 mars 2011

TF1 adapte la téléréalité made in Israël


L'immense succès des deux saisons de "Connected", l'émission de téléréalité diffusée sur la chaîne cablée israélienne Ever, n'a pas échappé à TF1, qui va prochainement adapter ce concept d'un nouveau genre, où cinq personnes se filment dans leur quotidien, appliquant à la télé le principe du "User Generated Content" ("contenu généré par les utilisateurs") consacré à l'ère du Web 2.0. Les deux créateurs de la série, Ram Landes et Doron Tzabari, ont imaginé un show basé sur une idée très contemporaine : voir comment les autres vivent, et comparer nos vies aux leurs.

Au sein du paysage audiovisuel israélien, Landes et Tzabari sont loin de la caricature des créateurs de programmes de téléréalité.  Tzabari est l'un des réalisateurs de documentaires les plus célèbres du pays, bardé de prix, tandis que Landes fut longtemps responsable d'un service d'infos à la télé israélienne, puis créa un soap, "Hasufim", ayant pour thème les méthodes de manipulation des journaux tv israéliens.


Pour la première saison, diffusée l'année dernière en Israël, ce sont cinq femmes de 16 à 42 ans qui se sont mises en scène, lors de 45 épisodes d'une durée de 25 minutes. La saison en cours, dont l'audience a explosé, présente cette fois cinq hommes, beaucoup plus exposés dans les médias que les personnages précédents. Hormis le plus jeune participant, Louis Edry, 18 ans, les quatre autres sont des figures relativement connues de la société israélienne. Shai Golden, 40 ans, critique télé, éditeur du supplément du week-end du journal Haaretz, Ron Sarig, 40 ans également, créateur de la très populaire sitcom tv israélienne "Ramzor", Dudu Busi, 45 ans, écrivain, et enfin Ishai Green, 30 ans, golden boy de la technologie qui gagna des millions à 25 ans, dépensa sa fortune en moins de deux ans, et remonte aujourd'hui une nouvelle start-up.


Des personnages atypiques dans l'univers de la téléréalité, pour une émission qui renouvelle les lois du genre, jouant sur l'émotion plutôt que sur la stupidité. A la différence des "Loft" et autres "Secret Story," outre le casting qui privilégie de vraies personnalités et non des personnages au QI de moules, les participants ne sont pas confinés dans un même lieu, et les épisodes sont diffusés après avoir été enregistrés sur les caméras octroyées à chacun, permettant des réaction très rapides et une immédiateté dans l'action.

Reste à savoir comment la chaîne qui "vend du temps de cerveau disponible" adaptera ce format, a priori détonant face aux "Carré Viiip" et autres daubes auxquelles le PAF nous a jusqu'ici habitué. Selon Angela Lorente, directrice de la téléréalité sur TF1, "Connected invente une nouvelle forme d'écriture". Certes, mais les plumes françaises qui s'y colleront seront-elles bien trempées ?

Alain Granat

La bande-annonce de la première saison de "Connected"


Voir l'excellent teaser de la saison 2 sur le site armozaformats.com


mardi 29 mars 2011

Tel-Aviv Pin Up


Depuis la résurgence du mouvement new burlesque, on assiste à un retour de l'imagerie Pin Up, dont Dita Van Teese reste l'icône marquante de la décennie. Aérographée dans les années 50, la Pin Up est aujourd'hui photographiée, photoshoppée, et a souvent perdu le charme de ces  sex symbol naïves et coquines qui ornaient les cabines des routiers. Mais il est désormais possible d'afficher dans votre chambre des Pin Up d'un style très particulier, designées par la famille Bondarevsky, un photographe, un designer et un producteur  basés à Tel-Aviv, qui ont choisi de mitonner cet "art du quotidien" à la sauce tehina.


Comme le soulignent les Bondarevsky, "le sentiment patriotique a toujours eu une place importante en Israël, comme chez les Juifs de Diaspora", et il leur "semblait naturel d'exprimer ce sentiment au travers de l'imagerie Pin Up, support ayant un fort impact auprès des masses". Et de l'exprimer avec l'humour et l'ironie propre aux créateurs de Tel-Aviv, capables de se moquer de tout,  aux frontières du vulgaire.


Ces "objets de fantasme" se déclinent en posters, cartes postales, mugs, et évidemment calendriers.


Parfois d'un mauvais goût (assumé ?) total, elles se déclinent aussi en tee-shirts


Vous pouvez découvrir l'ensemble des visuels Pin Up TLV sur le site pinuptlv.com

vendredi 25 mars 2011

Elizabeth Taylor, Cléopâtre juive


Si la disparition d'Elizabeth Taylor a donné lieu à la publication de nombreux articles consacrés à sa vie, très peu mentionnent le fait que l'actrice s'était convertie au judaïsme. Comme Marylin Monroe, qui l'avait fait par amour pour Arthur Miller.  Mais dans le cas de Taylor, ce fut une décision mûrie de longue date. Sa conversion eut lieu en 1959, alors qu'elle était âgée de 27 ans. Deux années auparavant, elle épouse le producteur Mike Todd, qui périt un an plus tard dans un accident d'avion. Mike Todd était juif (de son vrai nom Avrom Goldbogen), mais cette conversion n'a pas eu lieu avant ou pendant ce mariage.

Elizabeth Taylor, dans sa biographie, explique que sa décision n'a eu aucun rapport avec l'origine juive de son mari, mais qu'elle avait toujours été attirée par l'univers du judaïsme, se sentait très concernée par la souffrance des juifs pendant la guerre et s'identifiait complètement aux juifs en tant que "personnes rejetées". Etudiant pendant 9 mois auprès d'un rabbin rescapé de la Shoah, l'actrice se rendit régulièrement à la synagogue et se convertit lors d'une cérémonie à laquelle assistaient ses parents, prenant le nom hébreu d'Elisheba Rachel. Très attachée également à l'Etat d'Israël, elle se proposa comme otage lors du détournement d'Entebbe, en 1977.


Avec l'homme de sa vie, le comédien britannique Richard Burton, les disputes homériques sont légendaires, mais celle-ci, rapportée dans le livre "Furious Love" consacré à leur histoire d'amour, révèle un lien au judaïsme particulièrement savoureux. Burton, qui était d'origine galloise, fit un jour en public une référence au fait que les Gallois étaient selon lui les "Juifs du Royaume-Uni", ajoutant à l'attention de son épouse "Tu n'es pas juive du tout ! S'il y a un seul juif dans ce couple, c'est moi !". Ce à quoi Elizabeth Taylor répondit, en toute simplicité "Je suis juive et tu peux aller te faire foutre !".

Alain Granat
Sources : jewishjournal.com, tabletmag.com

mercredi 23 mars 2011

Le théorème de Cupidon, quand amour rime avec humour


Soyons clair, la chick lit n'est pas vraiment le genre littéraire le plus prisé chez jewpop. Un a priori parfaitement machiste, mais avouons que les histoires d'amour légères sur fond d'emplettes d'escarpins Manolo Blahnik (ouh, l'énorme caricature !) vont à l'encontre de nos affinités nettement plus Chucknorrissiennes. Ce postulat énoncé, ayons l'honnêteté de reconnaître que "Le théorème de Cupidon" (Calmann-Levy), d'Agnès Abécassis, a modifié notre perception du sujet et nous a donné l'occasion de nous esclaffer à maintes reprises.

Les deux héros du dernier roman de la reine de la French chick lit touch évoluent dans l'univers du cinéma. Adélaïde est agent d'artistes, Philéas réalisateur, et nos deux quarantenaires sont en quête d'amour. Construit comme une parfaite machine de comédie romantique américaine (on imagine aisément l'adaptation cinématographique qu'en ferait un producteur tel que Judd Apatow), avec un sens des dialogues tirés au cordeau, où l'art de la vanne bien sentie et des références sociétales fait merveille, "Le théorème de Cupidon" se lit avec délectation. Même quand on porte des slips kangourou et non des petites culottes blanches Monop', comme Adélaïde.


Une mention spéciale à deux chapitres qui nous ont littéralement fait hurler de rire, le premier se déroulant pendant une soirée speed-dating au cours de laquelle l'héroïne se retrouve, bien malgré elle, confrontée à quelques spécimens de nases d'une perfection absolue. Le second, lorsque le héros, Philéas, se rend un dimanche matin, croissants sous le bras, chez l'actrice (un genre de Béatrice Dalle de série Z) qui l'a longtemps fait fantasmer, en vue de la connaître bibliquement. Et se retrouve nez-à-nez avec l'amant nu (et fort bien pourvu par la nature) de ladite starlette. Jubilatoire. Autre mention spéciale pour les savoureux extraits de dialogues cités en tête de chapitres, qui raviront les cinéphiles avertis.

Agnès Abécassis possède ce talent rare de faire rire avec légèreté, et pas seulement les filles. Vous l'aurez compris, on a parfaitement le droit de lire "Sanglier Magazine", de connaître intégralement les dialogues de  "Braddock, Portés disparus III", et de tomber aussi sous le charme de ce délicieux "Théorème de Cupidon". 

Alain Granat
Photo d'Agnès Abécassis Copyright Calmann-Lévy



lundi 21 mars 2011

Un grand cru pour le 11ème Festival du cinéma israélien

Le 11ème Festival du cinéma israélien retrouve, à partir du mercredi 23 mars, le Cinéma des cinéastes dans le XVIIème arrondissement de Paris, pour une semaine riche en événements. Parrainée cette année par l'acteur-réalisateur Pascal Elbé, la manifestation présente une quinzaine de films non distribués en France, plusieurs documentaires exceptionnels et les meilleurs courts-métrages d'animation de la prestigieuse Ecole Bezalel de Jérusalem. Une programmation très riche, reposant sur plusieurs films adaptés d'oeuvres littéraires d'auteurs majeurs israéliens, tels que David Grossman, Amir Gutfreund ou encore Yehoshua Kenaz, complétée par une table-ronde sur l'adaptation littéraire dans le cinéma israélien et par un cycle intitulé "Russian connection", composé de quatre documentaires. Tout le détail de la programmation est disponible sur le site du Festival.

Jewpop, partenaire du Festival, vous propose ses coups de coeur !



Plus grand succès du box-office israélien de l'année 2010, This is Sodom ("C'est Sodome") d'Adam Sanderson et Muli Segev , revisite la Bible et l'épisode célèbre de l'éradication de la ville de Sodome et de ses célèbres sodomites, dans une comédie délirante à l'inspiration très Monty Python. L'éclat de rire du Festival !



Adapté du splendide roman éponyme de Yehoshua Kenaz, Infiltration, réalisé par Dover Kosahvilli ("Mariage tardif") retrace l'histoire de jeunes recrues israéliennes dans une base militaire du Néguev, en 1955. Un film intense et inspiré, dans la grande tradition du meilleur cinéma hollywoodien, qui montre combien, malgré la "vindicte militaire", s'est cimenté le sentiment national israélien autour du passage par l'armée et par la guerre.



The Matchmaker, d'Avi Nesher, se déroule à Haïfa, durant l'été 68. Un adolescent, Arik, trouve un emploi d'été plutôt atypique auprès de Yankele, rescapé de la Shoah devenu agent matrimonial.  Avi Nesher livre un regard sensible sur la découverte de l'amour, autour de personnages qui tentent de se reconstruire après l'innomable.

Enfin, ne manquez pas le superbe documentaire Precious Life, déjà chroniqué par jewpop , qui offre une vision humaniste du conflit israélo-palestinien, loin de tous clichés.

jeudi 17 mars 2011

Pourim Party !

Jewpop, toujours à l'affût de bons plans pour vous faire passer de joyeuses fêtes de Pourim, a cherché des idées de déguisements et masques qui raviront petits et grands. Mention spéciale à ce déguisement de marsupilami pour enfant, "fait maison". Houba Houba Hop !


Si vous êtes invité à une soirée costumée à thème, ce masque de Moïse (?) conviendra parfaitement pour une soirée "biblique" (au risque de vous prendre un gros bide sur le mode "On avait dit soirée biblique, pas soirée zombie !", ou encore des remarques désobligeantes du genre "Mais pourquoi tu  t'es déguisé en Père Noël défoncé au crack, t'as pas eu le dress code ?").


En prévision d'une fête chez des amis proches du PS, ce superbe masque "pas très catholique".


Et pour bien énerver vos voisins, la vraie "crécelle de supporter", accessoire indispensable pour toute fête de Pourim réussie !

Enfin, n'abusez pas de boissons alcoolisées au moment des fêtes de Pourim. Ou alors juste un verre, mais de vodka casher ! Trendy et goûteuse, la L'Chaim Kosher Vodka, pour laquelle le chanteur Matisyahu fait figure d'icône, a pour slogan "réunir des gens de tous horizons pour célébrer la vie !". Lechaïm, jewpop vous souhaite une très belle fête de Pourim, à l'image de cette party breslevienne en vidéo !


mardi 15 mars 2011

Souvenirs impudiques dans une ancienne synagogue


Souvenirs impudiques dans une ancienne synagogue est le titre de l'exposition de l'artiste belge Serge Goldwicht, qui sera présentée le 25 mars dans un lieu particulièrement étonnant. L'ancienne synagogue bruxelloise dont il est question ici portait le nom de Ahavat Reïm, et est aujourd'hui l'atelier du plasticien Jean-François Jans. Les oeuvres présentées reprennent un thème cher au peintre, le judaïsme et plus particulièrement la Thora, Goldwicht se jouant des lettres sacrées au travers de thèmes érotiques. Une démarche que l'artiste, dont plusieurs oeuvres ont été acquises par le Musée Juif de Belgique, dévoile pour jewpop.

La série d'oeuvres, datant de 2000 et intitulées "Kunst macht frei" suit celle des représentations de la Thora réalisées par l'artiste, qui lui vaudront le "Prix de la jeune peinture belge " en 1980. "Kunst macht frei" est, nous a déclaré Goldwicht, le "début d'une grande catharsis personnelle". Le peintre raconte que, né en 1954, il n'a pas connu la guerre, mais qu'il l'a vécue  "A travers les histoires de ses parents", qui lui ont transmis une "chose curieuse". "Quand ils parlaient yiddish entre eux et que quelqu'un de non-juif approchait" explique-t-il, "ils faisaient... Chut ! Cela, mêlé au magasin de vêtements et à la cuisine de ma mère, m'a construit une certaine vision du judaïsme". Goldwicht précisant que "Quelques années plus tard, rencontrant des auteurs comme Edmond Jabès et le vocable "Jouif"", il comprit qu'"une autre voie existait, qu'à la libération des camps devait succéder une libération mentale".


L'exposition actuelle est la "suite de l'élaboration d'une fiction" que l'artiste a débuté en 1977, et dont le Musée Juif de Belgique conserve des traces dessinées, comme "Graffitis obscènes découverts dans le ghetto". Dans un article écrit par Camille Meyer, à paraître en avril dans la revue du Musée Juif de Belgique, la démarche de Goldwicht, "archéologue des signes et du présent", "chercheur de ses origines juives", est ainsi décrite : "Il ne cesse finalement d'interroger sa judéité, sa belgitude et son autobiographie en constituant un catalogue d'objets et de signes clamant la difficulté de vivre dans le non-lieu conjugué de la belgitude et du judaïsme. Il décrit son oeuvre de quasi kabbalistique contemporaine, d'approche originale, où l'art et la philosophie se mêlent dans l'évidence... Après avoir exploré pendant quinze ans la Thora et l'écriture, et après avoir plongé dans sa belgitude, il nous revient dans une interrogation judaïque, entre Mel Brooks et Roland Topor (S.G.)."


Goldwicht explique encore que "Nous ne sommes pas loin de la mystique, là où D'yeux (Jabès) et le désir (Freud) se rejoignent. Entre auto-dérision et absolue liberté d'expression, ses oeuvres, particulièrement marquantes, font finalement écho à l'un des plus beaux textes érotiques qui soit, le Cantique des Cantiques. L'artiste concluant à propos des toiles et dessins présentés dans cette exposition radicalement jouissive : "Finalement c'est la vie. Lechaïm !"

Alain Granat

L'exposition "Souvenirs impudiques dans une ancienne synagogue", qui se tient dans l'ancienne synagogue Ahavat Reïm, rue Dethy, 73b, à Bruxelles,  accueillera également le photographe  Christian Carez et le cinéaste Boris Lehman, tous deux invités à prolonger la démarche.

Vernissage : vendredi 25 mars 2011 de 18h à 22h

L'exposition est accessible les samedi 26 et dimanche 27 mars ainsi que les samedi 2 et dimanche 3 avril, de 14h à 18h.



lundi 14 mars 2011

Comment Woody Allen peut changer votre vie

Dans "Comment Woody Allen peut changer votre vie" (Editions du Seuil), le psychanalyste suisse Éric Vartzbed propose un regard particulièrement original sur l'oeuvre du cinéaste et sur ses supposées vertus thérapeutiques. Expliquant en préambule le choc qu'il ressentit à la vue d' Une autre femme (réalisé par W. Allen en 1988), une "rencontre capitale" qui provoqua chez lui un "travail de compréhension", l'auteur, à travers cet essai d'une centaine de pages, tente de répondre à l'interrogation  majeure de chacun : comment être heureux ? Via la filmographie de l'auteur de Annie Hall.

Voir l'oeuvre de Woody Allen au travers du prisme de la psychanalyse est évidemment un angle idéal, tant le sujet est omniprésent dans tous ses films. Comme le rappelle E. Vartzbed, Allen est resté... Trente-six ans en analyse, considérant finalement que les bénéfices de sa cure sont nombreux, à commencer par celui de "libérer les dons qui sont en nous". Une forme de catharsis dynamisante face à l'échec, qui "favoriserait l'équilibre du sujet", une "névrose féconde" qui pousserait à la création. 


En quelques chapitres abordant des questions fondamentales, liées au sentiment amoureux, à la sexualité, à la spiritualité, à l'imposture, au désir, à l'interdit, à la valeur du langage, à la frustration, à la quête du bonheur... Éric Vartzbed analyse avec brio les scénarii d'Allen, resituant sa vision de l'existence au travers de citations d'une extrême drôlerie, marques de fabrique de ce clown blanc pour qui "la dépression n'est qu'une réaction naturelle aux problèmes de la vie". Ainsi, le personnage de Gabe, dans Maris et Femmes, déclarant "La seule fois où Rifkin et sa femme avaient connu un orgasme simultané, c'est au moment où le juge leur avait remis l'acte de divorce".


La clef de la morale de Woody Allen, selon Vartzbed, est "Peu importe comment, pourvu que cela marche" (Whatever works), l'auteur qualifiant avec humour le cinéaste de "Spinoza à New-York". Face à la difficulté d'aimer, de vivre, Allen propose dans ses films une "hygiène de vie pragmatique", qui "valorise l'expérience, les essais, les erreurs, jusqu'à ce que l'individu se connaisse, cerne ce qu'il aime et s'y voue".  Si la lecture de "Comment Woody Allen peut changer votre vie" ne changera pas forcément votre existence, elle ravira tous les fans du réalisateur, qui y trouveront matière à réflexion et matière à sourire, en n'oubliant pas que "Le plus important est de ne pas être triste", ainsi que l'a récemment déclaré le cinéaste.

Alain Granat


jeudi 10 mars 2011

Shalom Bollywood, l'histoire extraordinaire des acteurs juifs indiens

 
Jusqu’à la fin des années 20, tourner dans un film était impensable pour les actrices indiennes, le cinéma étant alors une activité considérée comme indigne pour toute femme « vertueuse ». Les acteurs de l’époque du cinéma muet indien se travestissaient, rasant leurs moustaches et revêtant des saris. Finalement, des femmes firent leur apparition à Bollywood. Mais elles n’étaient ni hindoues ni musulmanes. Elles étaient juives.


« Shalom Bollywood », du réalisateur de documentaires australien Danny Ben-Moshe, retrace l’histoire des Juifs qui participèrent au développement de la formidable industrie cinématographique indienne. Ben-Moshe explique que « les familles juives vivant en Inde (NDLR : des communautés Bene Israeli et Baghdadi, représentant aujourd'hui environ 6000 personnes sur une population de... 1,2 milliard d'habitants) étaient libérales. Les juives indiennes, avec leur peau claire et leur type plus européen, crevèrent l’écran ! ». Ainsi, Susan Soloman, célèbre sous son nom de scène Firoza Begum, Sulochana (née Ruby Meyers), la première Miss Inde, Pramila (née Esther Abrahams), ou encore Nadira (Florence Ezekiel). Mais la contribution juive à l’essor de Bollywood ne se limita pas à des actrices. Le scénario et les chansons du premier film indien parlant, Alam Ara (1931), furent écrits par un Juif, Joseph Penkar David. L’un des plus grands chorégraphes de Bollywood, David Herman, était Juif. Tout comme l’une des stars masculines du cinéma indien, David Abraham Cheulkar, acteur dans plus de 100 films.

Sulochana (Ruby Meyers) fut la première star féminine indienne de l’âge d’or bollywoodien, ses revenus dépassant celui du gouverneur de Bombay ! Née en 1907, elle travaillait comme standardiste avant de débuter sa carrière d’actrice, et figurera dans des films à succès tels que « Balidaan » (1927) et « Wildcat of Bombay », dans lequel elle joue huit rôles différents, dont celui d’un homme et d’une… Européenne blonde !


Dans les années 40, alors que la carrière de Sulochana s’essouffle, une autre actrice juive voit son étoile monter au firmament bollywoodien. Son nom : Esther Victoria Abrahams, qui prendra comme nom d'actrice Pramila. Elle fut en 1947 la première Miss Inde, un fait d’autant plus unique que sa fille Naqi Jahan remportera également le titre en 1967 ! Pramila apparaîtra dans de nombreux films, dont l’immense succès « Mother India », qui restera sur les écrans indiens 82 semaines. Connue pour son esprit indépendant, elle quitte sa famille, originaire de Calcutta, à l’âge de 17 ans, pour rejoindre Bombay, où elle trouve un emploi dans un cinéma itinérant, dansant pour les spectateurs pendant les 15 minutes requises pour changer les bobines durant les séances ! Pramila incarnera la vamp indienne des années 40, apparaissant dans plus de 30 films.

Mais la plus célèbre des actrices juives de Bollywood reste Nadira, née Florence Ezekeil, archétype de la femme fatale, qui dit un jour à un journaliste venu l’interviewer et visiblement très nerveux : « Ne vous asseyez pas au bord du lit, vous allez tomber ! Venez plus près de moi et mettez-vous à l’aise. Je ne vais pas vous manger ! ». L’un de ses plus célèbres rôles est celui de Maya dans « Shree 420 », de Raj Kapoor. 

Danny Ben-Moshe doit encore tourner quelques scènes en Inde avant de terminer son film, qui devrait sortir sur les écrans en 2012. « C’est étrange », déclare-t-il, « A Hollywood, les Juifs sont plutôt derrière la caméra et côté production, cachant souvent leur origine. Mais en Inde, c’est tout le contraire ! Les Juifs de Bollywood assument leur judaïsme avec assurance, face à la caméra ».

Traduit de l’anglais par Alain Granat, d’après un article de Lhendup Gyatso Bhutia, source : www.dnaindia.com

Mémoires juives et tsiganes en concert


Un concert exceptionnel de musiques juives et tsiganes est organisé dimanche 13 mars à 18h30 au Café de la Danse, en présence de TONY GATLIFF, avec de nombreux artistes :

RONA HARTNER : http://www.myspace.com/ronahartner
FREDO DES OGRES DE BARBACK : http://www.lesogres.com/main.htm
DENIS CUNIOT : http://www.myspace.com/deniscuniot
PETIA IOURTCHENKO ET SA COMPAGNIE DE DANSE TSIGANE ROMANO ATMO :http://petiadansetzigane.com/
ADRIAN RECEANU : http://www.myspace.com/adrianreceanu
GABI JIMENEZ : http://www.gabijimenez.fr/
TCHA LIMBERGER : http://www.myspace.com/limbergertcha
MILENA KARTOWSKI : http://www.myspace.com/milenakartowski
NOEMI WAYSFELD & BLIK : http://www.myblik.fr/
FIONA MONBET : http://www.youtube.com/watch?v=QnTdn1SeqtY
ISABELLE MARX ET RICHARD DOUST : http://www.richarddoust.eu/
SYNTAX : http://www.dailymotion.com/video/xm99u_syntaxe-le-rap-manouche_music
Et bien d'autres encore ...


Les bénéfices du concert contribueront au financement d’une initiative inédite : un voyage de la mémoire qui réunira Juifs et Tsiganes en Pologne, sur les traces des communautés disparues, de la déportation et de l’extermination, du 16 au 20 mars 2011. La délégation, composée des dirigeants de l’UEJF, la FNASAT, l’UFAT, l’ANGVC et l’ASNIT, sera accompagnée d’historiens et d’un ancien déporté, qui organiseront ensuite une série de conférences pour en témoigner et initier un véritable dialogue des mémoires.

Adresse : Café de la Danse, 5 passage Louis Philippe, 75011 Paris (métro Bastille). P.A.F. : 15€

Réservations : http://cafedeladanse.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musiques-d-Orient---Maghreb-MEMOIRES-JUIVES-ET-TSIGANES-CD133.htm#
Groupe facebook : Concert exceptionnel : Mémoires Juives et Tsiganes

mardi 8 mars 2011

Precious Life, un film choc sur le conflit israélo-palestinien


Shlomi Eldar est reporter dans le  monde arabe pour la chaîne privée israélienne Channel 10. Pendant 20 ans, il a posé son regard de journaliste sur la bande de Gaza, témoigné des aspects humains de la situation dans ce territoire coincé entre Israël et l'Egypte. En 2007, Eldar reçoit le prestigieux prix Sokolov, équivalent israélien du prix Pulitzer, le jury récompensant son travail, qui a "su apporter au public israélien des images d'une réalité complexe qui n'est pas toujours agréable à regarder en face". Son visage a été médiatisé dans le monde entier lorsqu'un soir de janvier 2009, pendant l'opération Plomb durci, il reçoit un appel téléphonique en direct à l'antenne. Son ami, le docteur Izzeldin Abou El-Eish, médecin palestinien qui travaille à l'hôpital Tel Hashomer de Tel-Aviv, vient de perdre trois de ses filles et une nièce dans un bombardement de sa maison par l'armée israélienne.


"Precious Life" a été tourné avant le début de l'opération Plomb durci. Mohammad, un bébé de 4 mois originaire de Gaza,  né sans système immunitaire, va sans doute mourir faute de trouver l'argent nécessaire pour une greffe de moelle osseuse.  Contacté par un médecin de Tel Hashomer, le docteur Raz Somech, Shlomi Eldar réalise un sujet pour Channel 10, et un donateur anonyme offre la somme de 55 000 $ nécessaire à l'opération et au traitement de l'enfant. Eldar déclare que sa "mission de journaliste était remplie" mais que "pour une raison inexpliquée, quelque chose l'a retenu à l'hôpital". Ce sont les formidables images tournées pendant les mois suivants, qui sont au coeur de "Precious Life", vibrant plaidoyer pour un changement des mentalités dans la région.

L'un des personnages central du film est Raïda, la mère du petit Mohammad, qui illustre à merveille l'un des paradoxes du conflit entre palestiniens et israéliens, coincée entre sa volonté de voir son enfant survivre, grâce aux soins prodigués par ses "ennemis", et sa position de palestinienne de Gaza, prise à partie par ses concitoyens comme une "collaboratrice". Profondément croyante, elle répond au cinéaste, dans une scène d'une rare intensité, qu'elle serait prête à sacrifier son fils comme martyr, au nom d'Allah. Shlomi Eldar raconte que cette scène l'a tellement déprimé et mis en colère qu'il a un moment souhaité interrompre le tournage de son film. 


Aux côtés de la famille de Mohammad, dont on suit la lutte pour la survie de leur bébé comme une fiction éprouvante et captivante, le docteur Raz Somech reste l'autre figure marquante de "Precious Life". Si l'espoir d'un règlement du conflit persiste, on le doit à des hommes de cette trempe,  qui placent l'abnégation et la générosité au-dessus de tout sentiment. Même après avoir visionné la scène où Raïda se dit prête à sacrifier son fils comme martyr, celui-ci n'a qu'une seule réaction : "Je m'en fiche !", qui fera dire à Raïda "Cet homme n'est pas un docteur, c'est un ange". Le film de Shlomi Eldar foisonne de tels moments émouvants, et d'autres surprenants, comme la vision de palestiniens de Gaza découvrant les abords de l'hôpital, s'étonnant de fouler une pelouse, ou encore confrontés aux festivités du 60ème anniversaire d'Israël.


Présent lors de l'avant-première du film, qui sera projeté dans le cadre du 11ème Festival du Cinéma Israélien de Paris, le réalisateur a expliqué avoir eu "beaucoup de réactions de la part d'Israéliens qui ont eu le sentiment que le film leur avait offert un regard inédit sur la vie à Gaza." ajoutant que "cela fonctionne dans les deux sens, car la diabolisation entre les deux peuples est l'un des problèmes les plus graves. On ne peut l'endiguer qu'à partir du moment où on apprend à se connaître. Ce qui est étonnant, c'est que le seul espace où cela se déroule actuellement, c'est dans les hôpitaux israéliens, où Israéliens et Palestiniens se battent côte à côte dans un but commun". Si Shlomi Eldar est bien conscient, comme il l'a également déclaré lors du débat qui a suivi la projection, que le Hamas reste un parti intégriste, une  organisation corrompue, comme l'Autorité palestinienne, et qu'elle constitue une "base avancée " de l'Iran, il affirme que la paix ne pourra venir que des populations, non de ses gouvernants. "Precious Life" est une oeuvre non seulement extraordinaire d'un point de vue cinématographique,  qui vous hante longtemps après sa vision, mais aussi un film utile, à montrer à tous ceux qui tiennent un discours figé et radical sur le conflit.

Alain Granat

La bande-annonce de "Precious Life" (sortie nationale le 23 mars)

lundi 7 mars 2011

Enrico Macias, chantre de toutes les cultures juives


Avec "Voyage d'une mélodie" (AZ/Universal), Enrico Macias s'impose définitivement comme l'une des voix majeures de la musique populaire juive. Si l'on se souvient de son magnifique "Hommage à Cheikh Raymond" publié en 1999, si l'on connaît sa virtuosité de guitariste de malouf, on découvre en parcourant ce splendide album un interprète unique de jewish world music.

D'aucuns seront surpris d'entendre ici Enrico Macias chanter en yiddish. Le résultat est formidable, empreint d'émotions, et constitue un formidable pied de nez à tous ceux qui considèrent que les cultures séfarades et ashkénazes sont aussi dissemblables que la dafina du geffelte fish. Qu'il chante, avec brio, des mélodies classiques yiddish adaptées avec talent en français par Claude Zuffrieden, professeur de yiddish, ou en arabe, ladino, hébreu, kabyle, yiddish, avec une aisance confondante... Macias démontre combien l'unité du peuple juif passe par la musique et le mélange des cultures, et combien son message de paix reste brûlant d'actualité.


A l'initiative de ce projet détonant, Jean-Claude Ghrenassia, fils d'Enrico, contrebassiste, producteur et arrangeur de talent, qui a eu l'idée de cet album et a mis en rapport son père et Josh Dolgin, plus connu sous le nom de Socalled. Le roi des musiques juives yiddish mitonnées à la sauce electro-funk-hip hop, qui s'est fait connaître avec le tube "You are never alone" (Jewish Cowboy), titre adapté en français pour ouvrir l'album, a arrangé avec subtilité les titres yiddish du disque, qui sonne au final comme un "Buena Vista Social Jewish Club" chaleureux et limpide. 

Au fil du disque, on découvre de superbes duos, parmi lesquels la reprise de "Oh ! Guitare, guitare", chantée avec Idir, "Mi Corason", un traditionnel ladino dans lequel excelle Macias, porté par la sublime voix de Yasmin Levy, une très belle version du standard "Paris tu m'as pris dans tes bras" interprétée en yiddish avec le mythique Théodore Bikel, l'émouvante prière traditionnelle "Shalom Aleikhem" avec Daniel Levi. "Voyage d'une mélodie" est un opus où la mémoire tient une place importante, avec notamment "Ne dis pas", adaptation d'un chant d'espérance composé dans le ghetto de Vilnius, "Les Séfarades", sur un très beau texte d'Eliette Abecassis, mais aussi un disque très festif, où l'on constate, à la lumière des arrangements de Jean-Claude Ghrenassia et de Socalled,  que musiques orientales et d'Europe de l'Est ont bien des points communs. jewpop ne résiste pas au plaisir de reproduire la dédicace faite par Enrico Macias pour un disque (au titre évocateur : "Surprise Partie Pieds Noirs" !) publié en 1964, présentant des versions instrumentales de ses premiers tubes. Elle résume tout ce que nous éprouvons à l'écoute de cet album incontournable.

Alain Granat



Retrouvez l'interview du chanteur et des extraits de l'album dans l'émission Balagan Music diffusée sur radio Shalom le samedi 5 mars 2011 (animée par Laurence Haziza, chroniqueuse Marthe Dérosières)

Voir l'émission "Le Cabinet de curiosités" avec Enrico Macias

jeudi 3 mars 2011

Judd Apatow, meilleur antidote contre l'antisémitisme


Se moquer des Juifs en réunissant une brochette de stars américaines juives et non-juives, dans le but de promouvoir les actions caritatives de l'ong American Jewish World Service, tel était le challenge du producteur, scénariste et réalisateur Judd Apatow (Rien que pour vos cheveux, Funny people). Pari réussi, avec plus d'un million d'internautes ayant visionné sur Youtube le clip hilarant (hélas non sous-titré en français) imaginé par le réalisateur de "40 ans, toujours puceau" et écrit par Jordan Rubin, pour le 25ème anniversaire de l'AJWS.

Ruth Messinger, présidente de l'AJWS, organisation philanthropique qui finance des programmes destinés à lutter contre la pauvreté dans le monde, souhaitait produire un clip détonant à l'occasion du gala fêtant les 25 ans de l'ong, où se sont retrouvés ses principaux donateurs. Judd Apatow a réuni pour son clip Lindsay Lohan, John Mayer, Kiefer Sutherland (Jack Bauer !), Tracy Morgan (de la série 30 Rock), Ben Stiller, Don Johnson (Miami Vice !), Sarah Silverman... Qui se jouent tous des stéréotypes sur les Juifs, avec des vannes écrites dans le plus pur esprit stand-up.


Entre Lindsay Lohan, qui se fend d'un "Je ne suis pas juive, mais je suis ravie d'être ici !" puis, faisant mine de parler off-camera à quelqu'un : "C'est bien payé, ce truc, hein ?", le chanteur John Mayer affichant un grand sourire et déclarant "Je suis John Mayer, et comme je ne suis qu'à moitié juif, je suis à moitié circoncis",  Don Johnson, qui se la joue vieux dragueur, avec un "J'aime les Juifs. Surtout les juives, en fait. J'aime les femmes avec de longs cheveux et une belle poitrine.", ou encore l'acteur noir Tracy Morgan qui annonce sur le ton de la confidence "Vous voulez que je vous avoue un secret ? Je ne suis pas Juif.",  la palme de la blague pourrie revient à la comédienne Sarah Silverman, qui se plante devant la caméra en énonçant "L'année dernière, l'AJWS a réuni plus de 22 millions de $ pour 458 organisations, dans 34 pays différents. Pas mal, non, quand on pense que les Juifs sont radins. Enfin, si vous pensez que ça, c'est être radin, aucune chance que vous soyez asiatique, car vous êtes nul en maths."

Toujours avec son humour ravageur, Sarah Silverman a déclaré après le tournage du clip "Le J dans American Jewish World Service pourrait signifier Juif, mais ça veut simplement dire que cette organisation est dirigée par des juifs, comme les médias et la finance", ajoutant enfin sérieusement "mais elle s'adresse à tout le monde, et aide tous ceux qui sont dans la misère. Et ils (les dirigeants) font juste leur boulot !". 


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