mercredi 30 juin 2010

Des voix oubliées revivent au son de Blik, pour un concert d'exception

La cour de l'Hôtel de Sauroy, dans le Marais, a accueilli l'un des événements les plus marquants du 6ème Festival des cultures juives, qui vient de se clôturer. Dans cet espace au charme rare, le concert de Blik dédié à Dina Vierny, célèbre muse du sculpteur Aristide Maillol, a transporté un public conquis par le talent de ce groupe, porté par la voix impressionnante de Noëmi Waysfeld.

Après une introduction instrumentale posant le décor de cet hommage, enlevée par le trio composé d'Antoine Rozenbaum (contrebasse), Thierry Bretonnet (accordéon) et Florent Labodinière (guitare et oud), la jeune chanteuse entre en scène, vêtue d'une simple robe noire assortie à sa longue chevelure. La ressemblance avec la Judy Garland des débuts est frappante. Et lorsque Noëmi Waysfeld entame la première chanson de ce récital, on ne peut s'empêcher de penser qu'Une étoile est née.

Pas facile, a priori, d'accrocher un public avec un répertoire majoritairement composé de  ces chants bouleversants, témoignages de la vie des condamnés du Goulag, que Dina Vierny rapporta gravés dans sa mémoire de plusieurs voyages en Union Soviétique. C'était compter sans la formidable énergie de Blik (trois musiciens en parfaite osmose, issus du jazz et des musiques tziganes) et la présence hypnotisante de sa chanteuse. Du festif "Mariage des lesbiennes" à l'émouvante comptine "Le Ruisseau",  le groupe alternera pendant près d'une heure et demie ces étonnantes chansons avec des mélodies yiddish emplies de poésie, arrangées avec finesse. Les pavés de la cour de l'Hôtel de Sauroy résonneront une dernière fois au son de deux rappels, versions débordantes de vie et de swing des standards yiddish "Shnirele perele" et "Yidl mitn fidl", acclamés par un public touché au coeur. 


Blik réussit la gageure de rendre moderne, sans concession à une quelconque mode musicale, un répertoire marqué par l'histoire où le yiddish se marie au russe en totale cohérence. On ne peut que souhaiter à ce jeune et enthousiasmant groupe de trouver un public bien plus large que celui des fans de cultures yiddish et slaves. Mais il faut avouer qu'en quittant le cadre intimiste de la cour de l'Hôtel de Sauroy, où les âmes de Dina Vierny et de toutes ces voix oubliées ont plané pendant cette belle soirée, on se sentait privilégié d'avoir vécu un tel concert.

Crédits photo : Cédric Gaury


 Découvrir les "Chants du Goulag" par Dina Vierny, enregistrés en 1975 sur le label Pathé-Emi

mardi 29 juin 2010

La Méditation du pamplemousse (Tel-Aviv Roman)


Mais que peut-il bien y avoir de commun entre le Viagra, un chien suicidaire, la quête désespérée d’un appartement à louer, et des pamplemousses ? Cette équation a priori improbable est résolue par "La Méditation du Pamplemousse, Tel-Aviv Roman" (Denoël), de Stéphane Belaïsch.



Chronique sans prétention mais pleine d’humour, de tendresse, la Méditation du Pamplemousse nous balade dans un Tel-Aviv d’un pittoresque inattendu, d’une modernité éclatante. Sholem Aleichem eût-il été vivant, il eût sans doute lu avec plaisir cette Méditation, reconnaissant dans les personnages rencontrés au fil des pages ces héros du quotidien qu’il aimait tant, reflets de nos identités juives hétéroclites, trop comiques pour être totalement réalistes, et trop réels pour n’être que des caricatures.


L’écriture est nerveuse, drôle, moderne, douce-amère parfois, jamais complaisante. Ce Tel-Aviv est le Tel-Aviv du quotidien, une ville à la modernité iridescente, démocratique dans sa diversité même, et c’est aussi ce que l’auteur capture : l’irréductible liberté d’un pays, d’une ville, qui n’a pas fini de se chercher, mais qui autorise toutes les recherches. Ecrivain, cinéaste ("Le Syndrome de Jérusalem"), Stéphane Belaïsch nous offre une belle tranche de lecture plaisir, sans prise de tête, au charme indéniable. Ne boudons pas notre plaisir, pour une fois qu’il est disponible sans contrepartie de bons sentiments. En bonus, une méthode de méditation, clé de l’énigme du titre : pelez et mangez, quartier par quartier, un pamplemousse israélien, et vous comprendrez…

Judith Gross

Acheter "La Méditation du pamplemousse" sur amazon.fr (17,10€)

Extrait : "Sopalin a échoué en Israël. Le Sopalin n'est pas populaire, j'ignore si la faute en revient à un mauvais marketing, mais en tout cas c'est un très gros problème pour ma libido. En effet, dans les pays développés, le Sopalin est prévu pour les mains, le PQ pour le cul et le Kleenex pour le nez. Ici, le PQ fait multi-usage : aux chiottes, à la cuisine, sur la table basse du salon, sur la table de nuit... le PQ est absolument partout et incroyablement assumé. Si une fille vous invite à dîner chez elle, elle peut vous recevoir avec un rouleau de PQ à la main. Elle s'en servira pour se moucher, s'essuyer la bouche et s'éponger le front lors d'un inoubliable et romantique dîner aux chandelles et rouleaux."

lundi 28 juin 2010

Francis Dreyfus, Memories of you

La disparition de Francis Dreyfus, jeudi 24 juin 2010, laisse un vide terrible auprès de tous ceux qui ont eu le privilège de connaître cet immense producteur et éditeur de musique. Si son nom n'est pas médiatisé auprès du grand public, les artistes qu'il a révélés sont connus de tous, de Jean-Michel Jarre à Lavilliers et Bashung, en passant par le Christophe des "Paradis perdus", côté chanson française.


Comme éditeur, c'est Elton John, Bowie, Phil Collins, Pink Floyd, The Crusaders... qu'il représentera, et rien moins que le catalogue d'Elvis Presley pour la France. Et c'est avec son label Dreyfus Jazz qu'il produira avec passion des artistes majeurs tels que Michel Petrucciani, Richard Galliano, Marcus Miller, Biréli Lagrène, parmi tant d'autres. 


J'ai rencontré Francis Dreyfus en 1992. Je débutais comme producteur et venais de réaliser avec deux amis, David Dahan et Patrick Maarek, un projet de fusion jazz et hip hop alors assez novateur en France, sous le nom du groupe David Dexter D. Une éditrice m'avait organisé un rendez-vous avenue Kléber, dans les bureaux de son label, et Francis m'avait accueilli avec chaleur, attendant le départ de cette personne bien connue du milieu pour me lancer avec humour "Mais tu débarques de Limoges ou quoi ? Pourquoi tu n'es pas venu me voir directement ?". Notre collaboration démarra sur une poignée de main en guise d'accord, et une incroyable aventure débutait pour moi, entouré d'une équipe d'un professionnalisme et d'une gentillesse extraordinaire. Je souhaite à tous les jeunes artistes de vivre un jour l'histoire que j'ai vécue au sein du label Dreyfus Records, accompagné par un producteur de cette dimension et d'une telle générosité, auprès de qui j'ai tant appris.


Un très bel article, datant de 1997, à été consacré par l'Express à ce gentleman de la musique, passionné d'art contemporain, qui a réussi la gageure de rendre le jazz populaire en France. Je pense toujours à lui en écoutant un album que nous adorions tous deux, "Clifford Brown with Strings", dont l'un des titres s'appelle "Memories of you".

Alain Granat


Crédits photos : Philippe Quidor, Jean-Marie Périer, Jean-Baptiste Millot

jeudi 24 juin 2010

"La Bar-Mitsva de Samuel", un roman irrésistible

Avec "La Bar-Mitsva de Samuel" (Le Livre de Poche), David Fitoussi signe un premier roman dans la lignée des grands auteurs juifs iconoclastes. On pense à Philip Roth et Portnoy et son complexe, aux "mauvais juifs" de Gérald Shapiro ou encore à la "Lamentation du prépuce", de Shalom Auslander. L'auteur, né en France, a grandi à Montréal dans les années 80 avant de faire son alyah il y a 5 ans, après une brillante carrière dans l'immobilier au Canada. On ne regrettera pas son heureuse reconversion dans le monde des lettres, avec ce premier livre, best-seller dès sa parution au Québec.


A travers l'histoire de Samuel Elbaz, jeune garçon émigrant malgré lui à Montréal en compagnie d'une famille recomposée, à côté de laquelle les personnages du film "Affreux, sales et méchants" d'Ettore Scola feraient figure de Bisounours, David Fitoussi décrit avec un humour cruel et provocateur les affres de la préadolescence, au sein d'un environnement hostile.


Le jeune Samuel, entre ses pulsions sexuelles incontrôlables, sa quête d'une identité juive hors-norme et d'un père idéalisé, subit un climat décrit par l'auteur tel que "Au-delà [des six degrés sous le point de congélation], il devenait physiquement très difficile de réfléchir, sinon peut-être au suicide ou à des vacances en Floride […]. Cependant, au prix que coûtaient des vacances en Floride, je comprenais pourquoi le Québec avait le taux de suicide chez les jeunes le plus élevé de la planète".

"La Bar-Mitsva de Samuel" est un roman irrésistible, que jewpop conseille en particulier aux personnes suivantes : adolescents en quête de "bons plans" pour glisser leur main dans la culotte d'une fille, lecteurs souhaitant mieux connaître l'univers épique du Sarcelles des années 70, lecteurs souhaitant émigrer prochainement au Canada, lecteurs organisant bientôt une bar-mitsva, lecteurs ayant l'intention de divorcer. Ce qui fait déjà pas mal de monde. Laissons le mot de la fin à David Fitoussi, qui a déclaré à jewpop : "Je ne souhaite pas, même à mon pire ennemi, de vivre un hiver québécois !", précisant toutefois qu'il s'agissait d'une "pointe d'ironie". On attend avec une impatience non dissimulée son deuxième roman, qu'il écrit sous les cieux plus cléments des environs d'Ashdod.





mardi 22 juin 2010

Le Jewish Pop Art de Piotr Barsony

Après avoir été inspiré par l'univers de l'iconographie catholique, au travers d'une série de toiles mettant notamment en scène des Christ, le peintre Piotr Barsony présente aujourd'hui, avec l'exposition "Jewish Pop", une vision très Pop Art de l'univers du hassidisme, auquel il apporte son trait souvent proche de la bd et sa technique très originale.


L'artiste a dévoilé celle-ci à jewpop, insistant sur le fait qu'il n'y a aucun "procédé". Dessin et peinture sur du polyester transparent lui permettent de travailler les deux faces de la toile, le support présentant alors un "aspect rhodoïde". L'emploi de pistolets aérographes ou de bombes donne parfois ce rendu photographique sur les plus grands formats, les plus petits étant réalisés exclusivement aux pinceaux.


Piotr Barsony, artiste aux multiples talents (créateur de bd, il a aussi réalisé plusieurs pochettes d'albums pour son beau-fils Arthur H., co-écrit le scénario du film "Visiblement je vous aime" sélectionné à Cannes en 1995, et prépare un ouvrage sur l'histoire de la peinture), exprime avec une grande sensibilité et beaucoup de tendresse la poésie qui se dégage de ces personnages tout droit sortis d'un shtetl, leur donnant une extraordinaire modernité au travers de couleurs très Pop Art, ou d'accessoires pleins d'humour, comme avec la très jolie série "Houla-Hop".
Ces toiles sont exposées à la galerie "L'Espace d'un instant", 27 rue des Rosiers, au coeur de ce pletzl où vous croiserez peut-être quelques-unes des figures de l'univers "Jewish Pop" de Piotr Barsony.
 A découvrir jusqu'au 30 juin, de 11h30 à 22h00.


lundi 21 juin 2010

Amos Hoffman, le django israélien

Tous ceux qui ont eu la chance d'assister récemment à un concert du quintet d'Avishai Cohen ont pu découvrir à ses côtés un brillant guitariste et joueur de oud, Amos Hoffman.

Avec "Carving", son nouvel album produit sur le label du contrebassiste Avishai Cohen Razdaz Recordz, Amos Hoffman poursuit sa quête d'une musique ancrée dans le jazz et l'Orient, fusionnant avec swing et intelligence ces deux univers.


Composé pour moitié de titres joués à la guitare, les autres étant interprétés au oud, "Carving" recèle de superbes compositions, parmi lesquelles le tubesque et funky "Brown Sugar", qui devrait, on l'espère, lui offrir le même succès en France que celui que connaît son ami bassiste, présent sur un titre du disque.


Aux côtés du guitariste, quatre musiciens en parfaite osmose, Ilan Salem (flûte) Ilan Katchka (percussions) Gilad Abro (basse) et Amir Bresler (batterie), avec la participation d'Itamar Doari (darbouka) et du pianiste Shai Maestro. Amos Hoffman possède un son et un style unique, marque de tous les grands jazzmen, et livre avec ce disque une musique souvent festive, parfois mélancolique, toujours inspirée. La superbe pochette de l'album, hommage à Moshe Hoffman, père du musicien et célèbre peintre et sculpteur, ajoute encore à la beauté de "Carving".



vendredi 18 juin 2010

L'Histoire juive s'affiche au Musée Juif de Belgique


Avec une exposition intitulée "Avis à la population", le Musée Juif de Belgique dévoile pour la première fois une collection unique de 250 affiches produites par la communauté juive belge, les pièces les plus anciennes présentées remontant à la période napoléonienne.


Un parcours passionnant, au travers de documents qui témoignent de l'effervescence culturelle de cette petite communauté, comme le montrent les nombreuses affiches de pièces de théâtre, d'expositions et conférences... Mais également de l'implication des juifs belges dans l'Histoire et la politique, au travers de sujets liés au sionisme, à la Shoah, ou encore à la lutte contre la résurgence du fascisme.



Le commissaire de l'exposition, dans sa présentation de l'événement, note que "un seul type d'affiches a fait l'objet d'un collage systématique et massif : les affiches de propagande antisémite et les lois antijuives sous l'occupation de la Belgique par les nazis", ajoutant que "dans la communauté juive, on constate qu'il existe une volonté de rester discret, ce qui est paradoxal pour une affiche", un mode d'expression en voie de disparition.


Cette exposition particulièrement originale se tiendra du 18 juin au 3 octobre 2010, et permettra à ceux qui ne le connaissent pas encore de découvrir ce musée chaleureux, sis dans un immeuble classique du centre de Bruxelles, et ses très riches collections, où l'on peut notamment admirer des oeuvres de Chagall, Soutine, Mané-Katz et Alechinsky.

Toutes les informations pratiques sont disponibles sur le site du Musée Juif de Belgique

mercredi 16 juin 2010

Mon rabbin chez les espions

"Vous êtes rabbin et souhaitez rejoindre une communauté atypique dont les membres sont souvent en déplacement ?  Contactez Meïr Dagan. Salaire intéressant, avantages en nature, missions très variées" : une telle annonce n'est pas parue dans la presse israélienne, mais le patron du Mossad a bien recruté, comme vient de le relater le quotidien Yediot Ahronot, un rabbin au service d'ouailles très particulières.

Rabbi 007 devra répondre à de multiples questions religieuses, auxquelles semblent confrontés les agents religieux. Ainsi que l'explique le correspondant du Figaro à Jérusalem, Marc Henry, qui relaie cette histoire dans les colonnes du journal, les espions religieux du Mossad se posent de graves questions existentielles, comme "que doit faire un officier traitant lorsqu'il rencontre une de ses sources dans un restaurant non kasher ?". Il est vrai que trouver un restaurant casher à Dubaï est très courant. Gageons que ce "rabbin très spécial" saura faire face aux multiples cas posés par la vie trépidante d'agents secrets, et leur prodiguer de judicieux conseils pour l'accomplissement de leurs missions en conformité avec les règles du judaïsme.

On imagine sans peine ce qu'Adam Sandler ou Ben Stiller pourraient réaliser à partir d'une telle histoire, et les titres de films qu'on adorerait voir sur nos écrans, comme "On ne prie que deux fois" ou encore "Le rabbin qui m'aimait".

mardi 15 juin 2010

Des bébés jewpop pour l'été !

L'été arrive : pour que vos tout-petits deviennent les it-kids de la plage, remisez au placard les sempiternels tee-shirts Mickey et adoptez le look jewpop, avec notre sélection de tee-shirts et bodies drôles et craquants ! 


Votre bébé sera médecin, pas de discussion ! Mais s'il a encore quelques années devant lui avant de prêter le serment d'Hippocrate, autant qu'il commence à pratiquer dès maintenant avec ses copines de plage. A partir de 6 mois, disponible en body et tee-shirt chez Kosher Ham (14, 99$)


Votre fille est la plus belle, ça ne fait aucun doute ! Raison de plus pour l'afficher sur cet adorable tee-shirt, dont seront fans toutes les mamies ashkénazes (shayna punim : jolie frimousse en yiddish).
Du 6 mois au 2 ans, chez Modern Tribe (22$)


Dur dur, de faire la sieste sous un parasol avec un bébé qui a autant de souffle qu'un joueur de vuvuzela... Offrez-lui ce body au logo de la "Fédération Internationale des Sonneurs de Shofar" !
Du 6 mois au 2 ans, disponible aussi en t-shirt, chez Jewnion Label (14, 99$)


Designé par la créatrice de livres pour enfants Laurel Snyder, ce tee-shirt ravira toutes les mamans qui allaitent, et les autres aussi ! Un produit éthique en coton bio de la marque Alternative Apparel, tout doux pour un bébé vraiment jewpop ! Du 3 mois au 2 ans, chez Modern Tribe (19$)

lundi 14 juin 2010

"Toute la musique que j'aime, elle vient de là, du Yiddish Blues" (Johnny Oyllyday)


Talila est un peu la "gardienne du temple" de la musique yiddish en France. Figure tutélaire, jadis avec son ex-compagnon Ben Zimet, d'un yiddishkeit musical ancré dans la tradition, la chanteuse et actrice s'ouvrira peut-être les portes d'une audience moins confidentielle avec "Mon Yiddish Blues" (Naïve), bel objet hybride en forme de livre-disque.

Bénéficiant d'une prise de son somptueuse, l'album se distingue par l'élégance des orchestrations réalisées par l'excellent arrangeur et multi-instrumentiste Teddy Lasry, bien connu des fans de jazz-rock pour avoir co-fondé le mythique groupe Magma dans les années 70, et depuis longtemps complice musical de Talila.

Les subtiles harmonisations et couleurs latines apportées par Teddy Lasry à des standards comme Belz et Shpil Du Fidl Shpil, ou encore le swing manouche de l'inusable saucisson casher Bei Mir Bist Du Shein, apportent un souffle bienvenu à un répertoire bien connu des amateurs. Et si la voix et l'interprétation de Talila semblent aujourd'hui un brin surannées, ne boudons pas le plaisir qu'auront tous ceux qui découvriront pour la première fois ces airs joliment revisités, et les émouvantes nouvelles écrites par la chanteuse-actrice, qui accompagnent son "Yiddish Blues". Comme dirait George Cloyney, Vos Nokh (What else ) ?



jeudi 10 juin 2010

Le projet d'émission de télé-réalité réunissant 12 jeunes israéliens et palestiniens verra-t-il jour ?

Ce matin, Jean-Marc Morandini, reprenant les informations du quotidien La Provence, relatait sur l'antenne d'Europe 1 le formidable projet initié par le producteur et réalisateur Mohamed Ulad, co-écrit avec la philosophe franco-israélienne Sophie Nordmann. L'idée : faire vivre ensemble, dans une maison située près de Marseille et sous l'oeil de caméras, 12 jeunes israéliens et palestiniens âgés de 19 ans, représentatifs socialement et politiquement des deux sociétés.

Nulle tentative de créer ici un Loft-Story d'encore plus mauvais goût (pas de piscine où jouer à "ma flottille dans ton blocus"), mais une véritable expérience civique et pédagogique, où les 12 participants, encadrés par des "parrains" israéliens et palestiniens présents pour leur donner des repères historiques et politiques, tenteraient de se délester de leurs préjugés en vivant 3 semaines sous un toit commun, sans obligation aucune (désolé pour les téléspectateurs, mais pas de douches torrides en perspective).



Le but de chaque épisode, scénarisé, étant d'amener les participants à réaliser ensemble des activités culturelles et sportives, et d'aborder les sujets du conflit pour arriver, dans le meilleur des cas, à négocier un "accord de paix" (le titre de l'émission : "Les Accords de Marseille"). Une démarche ludique et très symbolique, qui présente l'originalité de mettre spectateurs et protagonistes au même niveau, pour mieux comprendre les problématiques du conflit.


Ce projet devait être produit par France télévisions, tourné d'ici le mois de septembre sur l'île du Frioul et diffusé sur France 5. Mais le blog de Jean-Marc Morandini vient d'annoncer, quelques heures seulement après son interview de Mohamed Ulad, que France Télévisions, "pour des raisons de durée et de financement, n'a pas souhaité donner suite à ce projet en développement"...


Espérons qu'une autre chaîne aura plus de courage et prendra le relais de cette belle initiative, qui permettrait sans aucun doute une meilleure compréhension des antagonismes, et peut-être de montrer qu'il sera possible pour ces jeunes israéliens et palestiniens, un jour prochain, de "vivre ensemble", selon les voeux des auteurs du projet.

mercredi 9 juin 2010

Montréjeau, son "festival mondial de folklore", son boycott

Montréjeau est une charmante petite ville de Haute-Garonne qui s'enorgueillit d'un festival mondial de folklore, dont la 51è édition débutera le 15 août. Cette année, des groupes originaires d'Espagne, de Lituanie, de France, de Grèce, de Hongrie, de Géorgie, de République Tchèque, de Bolivie, de Corée du Sud, d'Argentine et d'Israël devaient être présents.


En consultant le site Internet du festival, on apprend depuis peu que ses organisateurs sont "dans l'obligation d'annuler la venue d'Israël" ! Une "obligation" motivée de façon lapidaire, sans plus d'explications. Tandis que l'on peut encore lire, toujours sur la page d'accueil du site, que ce festival célèbre "l'amitié entre les peuples" et qu'il reçoit le soutien du CIOFF (association internationale regroupant les organisateurs de festivals folkloriques, prônant leur engagement pour la paix par la rencontre des cultures) et de l'UNESCO.

On imagine sans peine les graves troubles qu'aurait occasionné le groupe folklorique israélien qui aurait dansé ou fait de la musique sur la grand-place de Montréjeau, ville qui compte une Juste parmi ses natifs et où plusieurs familles juives ont trouvé refuge pendant la guerre, aidées par  la population. Le maire de Montréjeau, Eric Miquel, se décrit sur son site web comme "un homme de gauche, d'une gauche de rassemblement et de progrès". On comprend parfaitement la portée de ce geste courageux et intelligent, qui fera sans nul doute progresser la paix au Proche-Orient.

Jewpop vous invite vivement à manifester votre soutien aux brillants responsables de ce boycott, Jean-Pierre Canut et Christophe Douvez, organisateurs du festival, ainsi qu'aux édiles locaux, en écrivant à l'adresse mail  mairie-montrejeau@wanadoo.fr. Vous pouvez également vous inscrire sur la la page facebook du festival, où vos commentaires seront les bienvenus http://www.facebook.com/folklore.montrejeau

mardi 8 juin 2010

Devine qui va jouer (ou pas) en Israël ?


D'un côté, Placebo, Elton John, Metallica, Rihanna, Rod Stewart, Joan Armatrading, Kool and The Gang... De l'autre, Carlos Santana, Gil Scott-Heron, Elvis Costello, Gorillaz, The Pixies et The Klaxons. Les premiers se produiront ou se sont récemment produits en concert en Israël, les seconds ont décidé d'annuler leurs prestations. Certains motivant clairement leur décision, d'autres ayant cédé à la pression d'associations militantes pro-palestiniennes, ou, plus hypocritement, arguant de problèmes de logistique. Etonnante démarche, comme si les artistes en question découvraient soudainement et avec effroi la situation dans la bande de Gaza.

Ce boycott culturel, qui assimile tous les israéliens à leur gouvernement, dénie aux citoyens israéliens le droit à un échange culturel en raison de leur nationalité, et surtout, en raison de leur supposé soutien politique au gouvernement actuel. Qui dit élection démocratique dirait donc soutien inconditionnel à la majorité en place. Dans cette logique stupide, les boycotteurs nient totalement un élément fondamental de la société israélienne : la diversité des partis et des opinions, unique en son genre dans la région.

Il suffit pourtant de parcourir la presse et les blogs israéliens pour voir que le débat est constant sur la politique du pays vis-à-vis des Palestiniens. Débat auquel contribue évidemment, et avec vivacité, la sphère culturelle israélienne, tant dans les domaines de la musique, du cinéma, de la littérature, que par le biais de l'humour. Et avec une force critique inouïe, à l'image de voix aussi respectées dans le pays que celles des écrivains David Grossman et Amos Oz, ou grâce à des comédiens aussi populaires que les auteurs du show tv Eretz Nehederet, qui ridiculisent le gouvernement et les personnalités politiques, suivis chaque semaine par plus de 2 millions de téléspectateurs israéliens.


Ceux qui condamnent le blocus de Gaza en arguant qu'Israël ne peut punir collectivement la population palestinienne parce qu'elle est dirigée par le Hamas, n'ont pas les mêmes scrupules à prôner une punition collective vis-à-vis des fans de musique israéliens. Certes, les enjeux matériels ne sont pas les mêmes, mais la démarche reste identique, contre-productive et inique. Jusqu'à preuve du contraire, la culture a toujours été une source de dialogue et de rencontre, pas une arme de chantage politique.


Les artistes qui ne se rendront pas en Israël, iront-ils jusqu'au bout de leurs actions et de leur logique implacable ? A savoir refuser de percevoir des royautés provenant de la vente de leurs albums en Israël, et des droits d'auteur provenant de la diffusion de leurs musiques sur les tv et radios israéliennes, cela depuis qu'a été mis en place le blocus de Gaza ? Pas sûr... Quant à Madame Elvis Costello, visiblement, ses opinions politiques diffèrent de celles de son mari. Le public israélien applaudira en août la pianiste et chanteuse de jazz Diana Krall. Scènes de ménage en perspective ?

lundi 7 juin 2010

Entre Dieu et Darwin, Le concept manquant.


Francis Kaplan nous livre son nouvel opus, sur la question : qu’est-ce que la vie ? Il poursuit ainsi sa réflexion d’ouvrages en ouvrages (notamment Des Singes et des hommes, L'Embryon est-il un être vivant ?), à la croisée de la biologie, de la philosophie et de l’éthique. Avec courage et audace, il réexamine des notions tellement chargées, surchargées idéologiquement, pour déblayer, couche par couche, presque en archéologue, avec douceur et fermeté, ce qui peut faire l’objet d’un savoir indubitable. Il montre ainsi que « ni la finalité théologique ni la réduction de la vie à la matière, ni les théories vitalistes n’apportent une réponse satisfaisante à l’énigme de la finalité biologique, qu’il n’y a pas de concept adéquat et que cette finalité relève en fait d’un bricolage intellectuel ». 

Mais Francis Kaplan, professeur émérite  de philosophie, n’est pas un archéologue. Les problèmes qu’il affronte nous concernent aujourd’hui, du biologiste au politique. Plus qu’en philosophe, c’est en logicien implacable qu’il met à nu au cours de cette enquête nos concepts bricolés, avec lesquels nous devons pourtant vivre.

Pierre-Emmanuel Moog

vendredi 4 juin 2010

Dieudonné : "La culture juive domine la scène française" !

Une nouvelle étonnante pour tous ceux qui ne l'auraient pas encore remarqué : "La culture juive domine la scène française" ! Cette annonce lapidaire, qui, pour son auteur, est loin d'être réjouissante, n'a pas été faite par Radio-Paris ou Je Suis Partout en 1941, mais par Dieudonné le 3 juin 2010, lors d'une conférence de presse relatée par le quotidien algérien Liberté, à l'occasion de la représentation à Alger de son dernier spectacle.

Cerise sur le gâteau, on apprend aussi que "Cette nouvelle culture française, bourgeoise et sioniste n’émet aucun message". Contrairement à celui de Dieudonné, de plus en plus en verve : "créer un front antisioniste dans les pays arabes contre la propagande israélo-américaine". Objectif relativement aisé à atteindre, un peu comme enfoncer une cuillière dans un bol de purée Mousseline.

Ces tournées en Algérie, en Syrie et au Liban, et son récent voyage en Iran, ont aussi pour but de réunir des financements pour deux projets cinématographiques, à côté desquels les films de Leni Riefenstahl ou encore Le Juif Süss devraient ressembler à une pâle mouture de "On se calme et on boit frais à Saint-Tropez". Outre un premier projet depuis longtemps déjà dans les cartons de Dieudonné, "Le Code Noir" (aucun rapport avec le Da Vinci Code, le "Code Noir" était un ensemble de textes régissant la vie des esclaves noirs dans les îles françaises), nous attendons avec impatience sa vision cinématographique de l'histoire de la colonisation et de la décolonisation algérienne, dont le titre est tout un programme : "Le Décret Crémieux".  

Et en cas de succès d'audience sur les écrans iraniens et syriens, gageons que notre Max Pecas antisém... euh, pardon, antisioniste, s'attaquera avec ardeur à d'autres sujets "à message". Jewpop a un paquet d'idées de scénarii à lui suggérer.

jeudi 3 juin 2010

Le récit impossible, le conflit israélo-palestinien et les médias

Dans un remarquable article intitulé "Le conflit israélo-palestinien rend-il aveugle ?"publié le 24 avril 2010 dans Le Monde , l'historien et sociologue des médias Jérôme Bourdon revient sur l'inévitable partialité du traitement du conflit par les médias, expliquant que "Dans un débat, la première ligne d’un article permet de prévoir avec exactitude tout le reste (qu’il soit pro ou anti-Israélien), on comprend que le besoin de croire, qu’il s’agisse d’idéaliser ou de diaboliser les uns ou les autres, compte plus que le besoin de comprendre.".

Paradoxe de l'histoire, quelques semaines plus tard, le traitement dans les médias des événements liés à la "Flottille de Gaza" ne fait que renforcer la brillante analyse de Jérôme Bourdon, qui enseigne à l'Université de Tel-Aviv et vit en Israël depuis 12 ans.

Tous ceux qui souhaitent disposer d'une lecture avertie de la situation liront avec intérêt le livre publié en 2009 par l'historien, "Le récit impossible, le conflit israélo-palestinien et les médias" (INA / éditions de Boeck). Un ouvrage qui ne modifiera évidemment pas la perception des personnes convaincues ni du public militant, tant côté pro-israélien que pro-palestinien, mais qui, de manière très objective, démontre l'influence de plus en plus cruciale des médias sur le conflit. Et la frontière, de plus en plus ténue, entre journalisme et militantisme, dès lors qu'est abordé le sujet.

mercredi 2 juin 2010

Zoybar, la guitare arty


Instrument de musique ou objet d'art ? Les deux ! Le concept Zoybar, né de l'imagination du jeune designer israélien Ziv Bar Ilan, permet de concevoir un instrument au look fascinant et unique en son genre (guitare ou basse), à partir de composants interchangeables autour d'un "squelette" principal.



Zoybar, c'est aussi une communauté basée sur une philosophie de partage du savoir (open source), permettant aux designers, musiciens et passionnés de création, de développer de nouveaux instruments de musique. Via une plateforme collective permettant notamment de télécharger des fichiers d'aide à la production de composants d'instruments en 3D, les membres de Zoybar peuvent proposer leurs créations et échanger des idées sur les évolutions possibles de ces instruments futuristes.


Si les guitares Zoybar ne sont pas à la portée de tout musicien (les manches sont livrés sans frettes, mais peuvent être adaptés par tout luthier), et demandent une certaine aisance côté bricolage, elle raviront tous ceux qui cherchent à se démarquer avec un instrument exceptionnel. A commencer par le génial guitariste Marc Ribot, qui, de passage en Israël, a testé une Zoybar couplée au module de son Kaoss, et dont la première question a été "How much ?". Pas cher, puisque l'instrument ne coûte que 670$, à commander sur le site Zoybar



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