vendredi 30 avril 2010

Jacques Schwarz-Bart, nouvelle étoile de la galaxie jazz

Les fans de nu soul connaissent bien Jacques Schwarz-Bart, artiste au parcours étonnant, qui laissa derrière lui une carrière prometteuse et toute tracée de haut-fonctionnaire pour se diriger vers la route plus mouvementée de la musique, apprenant le saxophone à l'âge de... 24 ans ! Quelques années plus tard, on le retrouve comme sideman aux côtés d'Eric Benet, Erykah Badu, D'Angelo, Mshell N'degeocello ou encore en compagnie de Roy Hargrove, pour qui il composa le hit "Forget Regret" sur l'album "Hard Groove". Le parcours musical de "Brother Jacques", comme le surnomment ses amis musiciens, est celui d'un homme empreint d'une culture métissée, héritée de parents prestigieux. Son père, André Schwarz-Bart, est l'auteur du Dernier des justes, prix Goncourt 1959, et sa mère est Simone Schwarz-Bart, écrivain majeure de la littérature antillaise, qui a signé Pluie et vent sur Télumée Miracle


Après avoir créé une fusion musicale entre jazz et gwo ka, la musique traditionnelle guadeloupéenne dans laquelle il baigna enfant, et publié deux albums remarqués dans ce style désormais dénommé "jazz-ka", Jacques Schwarz-Bart aborde aujourd'hui les rivages d'une soul music urbaine, ancrée dans le jazz, avec son nouvel album "Rise Above" (Dreyfus Jazz).

Ses subtiles compositions, alternant tonalités mélancoliques et climats délibérément funk, offrent un écrin parfait à la superbe voix de son épouse Stephanie McKay (entendue jadis au sein du collectif Brooklyn Funk Essentials), qui s'illustre sur plusieurs titres parmi lesquels le tubesque "Feel so free". "Brother Jacques" livre ici un album intense (mention spéciale au titre éponyme "Rise above", et aux harmonisations de "Busted" ou "This one"), où son phrasé élégant et sa sonorité puissante font merveille. Un disque qui devrait séduire à coup sûr les fans de soul jazz à la Grover Washington Jr. ou Wilton Felder, aussi bien que les amateurs de créateurs plus aventureux tels que Wayne Shorter.

Acheter "Rise Above" sur  Amazon



Découvrir une passionnante interview de Jacques Schwarz-Bart publiée dans Libération  en avril 2009, où il s'exprime notamment sur ses rapports avec le judaïsme.

Ecouter des extraits de l'album sur le site Dreyfus Jazz

jeudi 29 avril 2010

La Corse bientôt "Juste" parmi les nations ?


Qu'y-a-t'il de commun entre les Corses et les Juifs, hormis une certaine propension à raconter des histoires drôles sur les uns et les autres ? Dans Le Figaro du 28 avril, on apprend qu'à l'initiative de Maxime Cohen, président de la petite communauté juive de l'île de Beauté, aidé d'un Corse de Paris, Jacques Bourgeois, ce territoire pourrait bientôt devenir le premier au monde à obtenir le statut de "Juste", pour avoir admirablement sauvé ses habitants juifs durant la seconde guerre mondiale. En Corse, ni éxécutions, ni déportations. La préfecture sera la seule du territoire français à ne pas livrer ses juifs à l'occupant. La population corse a alors (une fois encore) fait preuve de curagiu.

Jewpop vous invite à découvrir le site Corse-Israël.com , qui, dans sa rubrique "histoire", reprend un passionnant article publié dans Israël Magazine sur l'histoire des Juifs en Corse, et nous apprend notamment que 25% de la population corse serait d'origine juive ! De quoi renouveler un stock de blagues largement éculées.

lundi 26 avril 2010

Yiddish for dogs, spéciale dédicace à Dieudonné !

Les récentes déclarations de Dieudonné assimilant les Juifs à des chiens ("Maintenant de toute façon, la mort sera plus confortable que la soumission à ces chiens.") nous a donné envie de lui répondre par le biais de l'humour, genre qu'il a délaissé depuis trop longtemps.

Janet Peer, illustratrice et graphiste originaire de New York, a publié en 2007 cet incroyable livre intitulé "Yiddish for dogs" (Editions Hyperion, disponible sur Amazon.com, 12,78$). Créatrice de nombreux artworks de CD pour Les Rolling Stones, Run-DMC..., puis directrice artistique du magazine Rolling Stone, elle a eu l'idée délirante d'écrire ce livre très particulier, qui associe expressions traditionnelles yiddish et portraits de chiens qu'elle a créé pour l'occasion. Des chiens complètement meshugenneh qui font oy vey ! au lieu de waf waf ! De quoi rendre Dieudonné définitivement allergique à la gent canine.


Cerise sur le gâteau, il vous est possible, sur le site yiddishfordogs.com, de commander de non moins incroyables tee-shirts et accessoires illustrés des adorables chiens dessinés par Janet Peer ! Nu ?


vendredi 23 avril 2010

"Turbo merguez" signe le grand retour de la Renault 16 !

L'une des vidéos les plus hilarantes de ces derniers mois, parodie de la pub "Carglass" version portugaise (intitulée Carglouch), a fait le tour du web, encensée par la communauté lusophone et vue par plus d'un million d'internautes. Ses auteurs Ro et Cut s'attaquent maintenant à la mythique émission tv "Turbo", qui fait les délices des fans de carburateurs. Jewpop vous laisse découvrir Dominique Zitoune, présentateur de "Turbo merguez", dont les arguments de vente sont imparables !

jeudi 22 avril 2010

Fool's Gold enflamme la Bellevilloise ce soir !

Quand un chanteur israélien (Luke Top) basé à Los Angeles, accompagné d'une troupe de musiciens originaires du Mexique, du Brésil, d'Israël, d'Argentine et des USA, tous fans de musiques africaines, se met en tête de bousculer les frontières musicales et culturelles (imaginez  du soukouss congolais occidentalisé avec un son pop et chanté en hébreu...), cela donne le collectif Fool's Gold et un premier album éponyme (label Cinq7) détonant, idéal pour démarrer le printemps en beauté !

Moins bobos et prétentieux que leurs cousins de la Côte Est Vampire Weekend, les Fool's Gold livrent un premier disque bordélique et énergisant, entre afro-beat, pop 80's, ska, musique éthiopienne et blues saharien, qui donne envie de sourire et de bouger dès la première écoute ! Le groupe sera sur scène ce soir à Paris, à La Bellevilloise, pour à coup sûr l'un des concerts les plus chauds de ce printemps. En attendant d'entrer dans la transe festive de Fool's Gold,  rendez-vous sur leur myspace pour découvrir quelques-uns de leurs titres, parmi lesquels  le tube  en puissance "Surprise Hotel" et son clip foutraque !


mercredi 21 avril 2010

Bruno Gaccio réagit aux nouvelles provocations antisémites de Dieudonné

"Peut-on tout dire ?" est le titre de l'ouvrage co-signé par Dieudonné et Bruno Gaccio (éditions Mordicus). Ce dernier  est la seule personnalité médiatique ayant accepté de figurer dans ce livre aux côtés du leader de la liste antisioniste aux dernières élections européennes, pour  y débattre de la liberté d'expression. Non sous forme de dialogue direct, chacun répondant séparément aux questions des journalistes  Robert Ménard et Philippe Gavi.

C'est après avoir suivi deux émissions télévisées, où les auteurs étaient invités pour la promo de leur livre (sur BFM  TV,  dans l'émission "Zéro Info" de Karl Zéro, l'animateur ayant été alors extrêmement complaisant à l'égard de Dieudonné, et sur FR3, dans le talk-show de Frédéric Taddéï "Ce soir ou jamais" , où un violent échange verbal opposa l'avocat Thierry Lévy au héraut de l'antisionisme en France), que nous avons été surpris par l'attitude de Dieudonné. Il semblait, au regard de ces deux émissions, vouloir se présenter sous une image plus lisse et policée, comme lassé de sa posture et de ses conséquences sur sa carrière.

Il convient aussi de préciser que lors de la confrontation entre Dieudonné et Thierry Lévy sur FR3, ce dernier lui a asséné les phrases suivantes : "Vous employez des mots que vous allez regretter dans un instant (suite à un échange où Dieudonné qualifiait l'argumentation de T. Lévy de "procédé assez malhonnête"). Vous vouliez la paix, on peut en sortir très facilement, vous savez. Il y a une série : il y a l'injure, et après l'injure il y a la loi, et après la loi il y a les coups, et vous le savez !". 

En visionnant la semaine dernière, après la diffusion de ces émissions, deux vidéos où s'exprime Dieudonné, l'une présentant une interview réalisée par le groupuscule radical islamiste et conspirationniste Sirât Alizza, et un pseudo-sketch intitulé "Libérez Fofana !" (vidéos postées sur  Dailymotion), Jewpop s'est interrogé sur la réelle stratégie de celui qui se définit comme un "kamikaze du rire" et sur la vraie nature de son discours, enfin assumé ouvertement. Discours qui ne peut désormais plus être qualifié d'antisioniste mais bien d'antisémite, usant de toutes les caractéristiques de la logorrhée du genre, dans le plus pur style d'un Rebatet.

Nous avons souhaité connaître le point de vue de l'ex-auteur des Guignols de l'Info sur ces récentes vidéos. Voici la réaction de Bruno Gaccio, qui a autorisé Jewpop à publier sa réponse in extenso :

" Oui, je connais cette vidéo. Je suis consterné par son insistance dans ce type de provocation.
Il a été choqué par la phrase de Lévy chez Taddéï qui faisait allusion aux coups.
Pour lui c'est un signe qu'envoie Lévy au Betar et autres extrêmistes pour lui casser la gueule. Du coup il réagit violemment avec ce sketch qui est aussi un signe qu'il envoie, lui, aux extrêmistes antisionistes et parfois antisémites qui l'entourent et le protègent. 
C'est consternant.
Apaiser le climat, pour moi, signifie rendre efficace la parole. Or lorsque seuls s'expriment les extrêmistes israéliens d'un coté et les obsédés du complot juif de l'autre, et bien, c'est comme s'il n'y avait pas de parole du tout.
Je suis consterné qu'il ait fait cette provoc. Il a le droit de le faire (nous verrons ce que dit la loi si quelqu'un porte plainte). C'est juste pas efficace. Voilà mon point de vue.
Vous avez le droit de le publier sur votre blog pour vos lecteurs.
"
BG

Deux plaintes avec constitution de partie civile ont été déposées depuis contre Dieudonné par le Mrap et Sos Racisme, aux motifs d'incitation à la haine raciale.

mardi 20 avril 2010

Bortch.com : une "soupe des cultures" à déguster sans modération !


La découverte d'un site Internet traitant des nouvelles tendances culturelles juives avec classe, pertinence, diversité et érudition, est toujours réjouissante ! Bortch (du nom de cette savoureuse soupe à base de betterave, incontournable sur toute table ashkénaze digne de ce nom) nous plonge au coeur de l'actualité culturelle juive, en particulier musicale, avec de très beaux portraits d'artistes, le tout assaisonné d'un graphisme élégant et empreint de modernité. 

Mais Bortch n'est pas qu'un webmagazine culturel. Son créateur, Alexis, a également pris le parti original de créer un réseau  en affinité avec l'esprit du site, une communauté qui se veut ouverte et curieuse, à la fois ancrée dans les traditions passées et avide de découvertes. Une rubrique "se rencontrer" permet donc aux "bortchmen" et "bortchwomen" de s'inscrire sur le site et de remplir un profil, pour peut-être y trouver l'âme soeur. Une belle initiative et surtout une intéressante alternative - sans aucun doute plus agréable et intelligente - aux sites de rencontres juives existants, sur lesquels il y aurait beaucoup à dire... A ce propos, ne manquez pas les analyses et articles publiés par Alexis sur le sujet, ainsi que les témoignages et judicieux conseils de contributrices du site qui se sont frottées aux feujworld et autres Jdate.


Jewpop ne manquera pas de relayer les meilleurs morceaux de betterave extraits de bortch.com, mais en attendant, voici notre conseil culturel et culinaire du jour : prenez régulièrement une bonne louche de cultures juives amoureusement passées à la moulinette du site Bortch et de son chef Alexis !

Retrouver Bortch sur http://www.bortch.com/

jeudi 15 avril 2010

Nasty Jewish Princess

Comment faire rapidement grimper l'audience d'un site web ou bien les ventes d'un magazine ? La recette est simple et éprouvée : de jolies filles dénudées ! Comment faire rapidement grimper l'audience d'un site web ou bien les ventes d'un magazine traitant de "cultures juives" ? La recette est aussi simple et éprouvée : de jolies filles juives dénudées !

C'est ce qu'a fait, avec son humour corrosif, le magazine new-yorkais Heeb. Sa rubrique finement intitulée "Gratuitous Jewess" propose de "mieux apprécier la richesse et la vitalité de la vie juive chez les jeunes d'aujourd'hui", en publiant régulièrement, à la façon de la playmate du mois du mythique magazine Playboy, de splendides photos de jewish princesses, agrémentées de commentaires très instructifs.


Ainsi, nous pouvons apprendre que la charmante Shaine, dont vous apprécierez la plastique sur ces photos, "aime se relaxer avec sa maman d'origine marocaine, et que son rêve le plus cher est d'épouser un radiologue et de lui faire quatre garçons aux prénoms bibliques" ! Heeb ajoutant, "Shaine est libre, donc si vous vous y connaissez en stéthoscope, peut-être pourrez-vous lui proposer de jouer au docteur."


Jewpop inaugurera-t-il bientôt une rubrique "Jewpop's girl" ? L'idée est tentante et les candidatures bienvenues ! Restons au diapason avec l'ode dédiée par le génial Frank Zappa à toutes les jewish princesses :

mercredi 14 avril 2010

Dans la peau d'un Juif pendant un mois : l'imposture du journaliste anglais Safraz Manzoor.

D'origine pakistanaise et de confession musulmane, l'écrivain, journaliste et réalisateur de documentaires anglais Safraz Manzoor a, pour le quotidien The Guardian, effectué une plongée sans bouteilles au coeur de la communauté juive londonienne ! S'inspirant de "The Infidel", une comédie récemment sortie sur les écrans britanniques, narrant les aventures d'un chauffeur de taxi pakistanais qui apprend subitement qu'il est... Juif, Safraz Manzoor a voulu voir de près s'il pouvait, tel un héros de son réalisateur fétiche Woody Allen,  se glisser dans la peau d'un autre. Et surtout voir si les différences entre Juifs et Musulmans sont si notables qu'on veut bien le croire.

Dans son article publié par The Guardian, Manzoor ouvre le bal avec une soirée de Pourim, découvrant à sa grande surprise que la fête religieuse à laquelle il a été invité est en fait un carnaval ! Accueilli par des enfants déguisés en Chinois, il se retrouve face à un rabbin digne de figurer dans un clip de Public Enemy. A qui il avoue finalement son "imposture", puis entame avec lui une discussion sur les différences entre Juifs et Musulmans. C'est lorsque Manzoor lui demande son avis sur les couples mixtes que ce rabbin s'emporte, lui expliquant que c'est trahir sa religion et "tout ce qu'il est". A quoi Manzoor répond : "vous devriez rencontrer ma mère, vous vous entendriez très bien avec elle". 


La suite de l'histoire de Safraz Manzoor est hilarante, comme lorsqu'il se retrouve au milieu d'une assemblée de juifs orthodoxes pour un spectacle célébrant la sortie d'Egypte. Safraz est alors la seule personne parmi les spectateurs à porter une veste en tweed et à ne pas arborer de chapeau noir. Son sentiment : "J'avais l'impression d'être tout nu avec dans mon dos inscrit Vive la Palestine !". Mais outre l'aspect comique de l'expérience d'infiltration réalisée par le journaliste, il ressort surtout de son article un réel sentiment d'empathie et la conclusion que les deux communautés ont bien plus en commun que ce qui les séparerait pour des raisons religieuses, idéologiques, politiques et sociales. Sortir de sa bulle et passer plus de temps avec l'autre pour mieux le connaître , voilà l'intelligente solution de Safraz Manzoor.

En attendant la sortie française de The Infidel, la bande-annonce en v.o. non sous-titrée :

lundi 12 avril 2010

Radical Jewish Culture au MAJH : une expo et des concerts à ne pas manquer !

Le Musée d'art et d'histoire du judaïsme à Paris présente la première exposition consacrée à la Radical Jewish Culture, mouvance musicale issue de la scène underground newyorkaise des années 1980 et 1990. En parallèle à l’exposition est organisé un programme de concerts exceptionnel : John Zorn, Anthony Coleman, Mark Feldman et Sylvie Courvoisier, David Krakauer, Frank London, le Ben Goldberg Trio (ex-New Klezmer Trio)... Les plus grands noms de cette scène. joueront dans des dispositifs pour la plupart inédits en Europe.

En 1992 se tient à Munich un événement au titre manifeste : Festival for Radical New Jewish Music. Le programme du festival est imaginé par le compositeur et saxophoniste new-yorkais John Zorn, qui s’entoure pour l’occasion de figures majeures de l’underground new-yorkais : Lou Reed, John Lurie, Tim Berne, mais aussi Marc Ribot, Frank London, David Krakauer, Roy Nathanson, Elliott Sharp ou encore Shelley Hirsch. John Zorn choisit d’y présenter une pièce intitulée Kristallnacht en remémoration de la Nuit de Cristal du 9 novembre 1938 : une pièce puissante qui transgresse les normes d’écoute, en mêlant improvisations free-jazz et klezmer, discours d’Hitler et bruits de bris de vitres.



L’événement fait date : des musiciens juifs américains jouent en Allemagne et tentent, pour la première fois, de retracer la genèse des musiques de la scène underground newyorkaise à travers des sources juives. Dans le sillage de ce moment fondateur, des tournées sont organisées en Europe, tandis que des clubs de Manhattan, telle la Knitting Factory, accueillent des festivals de Radical Jewish Music associant performances, lectures et débats, et soulevant des questions essentielles à leurs yeux : qu’est-ce que la musique juive d’aujourd’hui ? Que dit la musique que l’on joue de nos origines et de notre expérience de vie ?

Dès les années 1970 et 1980, des musiciens juifs new-yorkais, très présents sur les scènes alternatives du rock, du punk, de l’avant-garde jazz et de la musique contemporaine, (re)découvrent le répertoire des musiques juives populaires, notamment celui des musiques juives d’Europe orientale, le klezmer. Ces acteurs clés de l’avant-garde musicale et de la world music y puisent – non sans un certain degré de contestation – un nouvel engagement artistique qui souligne la force du lien qui les rattache à leur culture juive, vécue comme source d’inspiration et de questionnements constants.



New York est leur foyer de création, en particulier le sud de Manhattan. Les quartiers longtemps populaires de l’East Village et du Lower East Side ont accueilli, au début du XXe siècle, les populations juives immigrées d’Europe de l’Est. Dans les années 1950, ils deviennent le refuge des avant-gardes esthétiques, depuis la Beat Generation ( Jack Kerouac, Allen Ginsberg ,William Burroughs) jusqu’à John Cage et Andy Warhol. Espace de contestation intellectuelle, esthétique et politique, ce New York radical a longtemps gardé les traces de la culture yiddish, qui y a connu une véritable renaissance. Cette atmosphère culturelle très spécifique imprègne encore fortement les lieux, lorsque les musiciens de ce qui deviendra la Radical Jewish Culture s’affirment artistiquement, au cours des années 1980.

Dans le prolongement de cet héritage, John Zorn crée en 1995 la collection « Radical Jewish Culture » (plus de 120 titres parus à l’heure actuelle) sous le label Tzadik, devenu depuis une référence incontournable des musiques alternatives. Les albums édités dans cette collection s’inscrivent comme autant de réponses aux questions qui s’imposent aux musiciens confrontés à la tradition protéiforme dont ils sont issus.



Le parcours de l’exposition est thématique ; à travers une approche essentiellement sonore et visuelle, il revient sur les temps forts de la création musicale, depuis la scène du Klezmer Revival jusqu’aux explosions sonores du groupe phare de John Zorn, Masada, en passant par le festival de Munich de 1992. À partir de l’écoute se déploie le contexte historique, musical et artistique dans lequel la musique a été créée. Il met en lumière le réseau d’influences des musiciens, parmi lesquelles : la Beat Generation, présentée notamment à travers la démarche de deux icônes de ce mouvement, le plasticien Wallace Berman et le poète Allen Ginsberg ; les artistes juifs révolutionnaires du début du XXe siècle, comme El Lissitzky ; ou encore la scène du rock alternatif des années 1970. Grâce à l’implication des acteurs clés de cette scène, de nombreux documents d’archives (interviews, prises de concerts et textes largement inédits) ont pu être rassemblés.

Comme le dit John Zorn, la Radical Jewish Culture est tout à la fois une mouvance musicale, un mouvement aux résonances politiques diverses affirmées et assumées, une communauté de musiciens et, plus largement, une communauté esthétique.

Ce texte est issu du site Internet du Musée d'art et d'histoire du judaïsme.
A ne pas manquer cette semaine : David Krakauer et Anthony Coleman (dimanche 18 avril, 17h)
« Radical Jewish Culture », jusqu’au 18 juillet 2010, MAHJ, Hôtel de Saint-Agan, 71, rue du Temple, Paris 3e, m° Rambuteau, Hôtel de Ville, lun-ven, 11h-18h, nocturne le mercredi jusqu'à 21h, 7 euros (TR: 4,50 euros).

jeudi 8 avril 2010

Le "Fish and Chips", recette sépharado-belge !

La Grande-Bretagne célèbre cette année les 150 ans du plat favori des anglais, le mythique "Fish and Chips". Un plat certes savoureux, mais néanmoins preuve indéniable de l'infériorité culinaire (entre autres tares) des ennemis héréditaires de la France, face à la cuisine hexagonale raffinée et mondialement célébrée.

Pourquoi aborder un tel sujet sur Jewpop ? Tout simplement parce que l'origine du plat qui fait les délices de la perfide Albion (qui, au passage, s'est encore pris un râteau récemment face à la glorieuse équipe de rugby française vainqueur du Tournoi des 6 nations, et n'insistons pas trop sur la punition infligée il y a peu par l'immense Barca à Arsenal...) serait une alliance improbable entre la frite belge et le poisson frit, ce dernier ayant été introduit au 17 ème siècle en Angleterre par des juifs sépharades originaires d'Espagne et du Portugal.

Si l'on ajoute que le premier restaurant londonien de "Fish and Chips" fut créé en 1860 par un immigrant juif, Joseph Malin, nous nous trouvons en présence d'un des symboles les plus emblématiques du Royaume-Uni, dont les racines n'auraient qu'un lointain rapport avec la culture d'outre-Manche. Un peu comme si le tchoulent, plat non moins emblématique de la cuisine ashkénaze, avait été inventé par des grognards de l'armée napoléonienne. 



Mauvais exemple, le  terme yiddish tchoulent viendrait en effet de l'association des mots français chaud et lent, et aurait comme origine un ragoût que les grognards, lors de la retraite de Russie, se mitonnaient pendant leurs pauses dans les shtetls de Russie et de Pologne. Sa lente cuisson leur permettant de violer en toute quiétude les populations féminines locales, qui peu rancunières, conserveront néanmoins la recette du "chaud-lent" et l'adapteront avec des ingrédients délicats tels que  fayots et cou d'oie farci, pour en faire le plat de Shabbat qui régale depuis des générations d'ashkénazes et leurs voisins de table. Le 19 ème siècle a finalement été celui de la mondialisation de la cuisine.

mercredi 7 avril 2010

Hirbat-Hiza, récit indispensable de la littérature israélienne.

"Il y a une partie de Yizhar dans chaque auteur qui est venu après lui, " dit Amos Oz de Yizhar Smilansky (1916-2006), également présenté par Shimon Peres comme "le plus grand écrivain du jeune Etat d'Israël". Dans sa nouvelle "Hirbat-Hiza", écrite en 1949 et rééditée récemment par les éditions Galaade, S.Yizhar (son pseudonyme) décrit dans une langue d'une rare puissance, alternant lyrisme poétique et violence crue, l'expulsion des familles d'un village palestinien dans les dernières semaines de la guerre de 1948, vue des yeux d'un combattant juif.

Yizhar était alors officier de la jeune armée israélienne. Il a écrit sur ce qu'il a observé et ressenti, livrant un récit poignant que l'auteur de la postface de l'ouvrage, l'écrivain et professeur à l'Université de Jérusalem David Shulman, qualifie de "texte canonique, chef d'oeuvre de prose en hébreu moderne". Et qui, malgré son sujet polémique, fait partie intégrante ("théoriquement", selon Shulman) du programme des lycées israéliens. 


Après la guerre d'Indépendance, Yizhar Smilansky entre en politique aux côtés de Ben Gourion, siège 17 ans à la Knesset et reçoit les plus prestigieux prix couronnant un auteur israélien. L'adaptation de "Hirbat-Hiza" pour la tv israélienne par le réalisateur Ram Loewy, en 1978, causa alors un véritable scandale, certains n'hésitant pas à qualifier l'écrivain de traître... Plus de 60 ans après sa parution, cette émouvante nouvelle reste d'une terrible actualité.

Commander "Hirbat-Hiza" sur Amazon.fr (13,30€)

En 1949, l' année même où Yizhar Smilansky écrit son récit, un ex-soldat de l'armée britannique, Bernard Beecham, visite le jeune Etat et filme d'extraordinaires images en couleur du pays, sans doute les seules connues à ce jour. Merci à Maryline Medioni, directrice de la publication de l'excellent magazine Vision d'Israël , de nous les avoir fait découvrir. Elles sont extraites d'un documentaire réalisé en 1996 par Sir Martin Gilbert intitulé "Israel, Birth of a Nation" (dvd disponible sur Amazon.com, 18, 49$).

mardi 6 avril 2010

Musik with Alembik, Shmoolik & Co...

Ce soir, ce sera sans doute pizzas, pâtes et (ou) hamburgers pour tous ceux qui auront célébré Pessah selon les règles de la casherout, voire couscous et moufleta pour les adeptes de la mimouna

Du côté de Jewpop, nous avons choisi de tirer une dernière salve musicale pour clôre ces jours de fêtes, avec tout d'abord un coup de projecteur sur Benjamin Alembik, un "petit ashkénaze né dans les années 80 un joystick en main, dont le cœur balance entre klezmer et musiques actuelles". Faute de n'avoir pu trancher dans ses goûts musicaux, Benjamin a décidé de nous proposer une "alternative hybride entre tradition et dérision". Pour découvrir ses étonnants et hilarants remixes lo-fi dignes des bandes-son de vos Game Boy et autres consoles préférées, il vous suffit de vous rendre sur son blog Hag Sameah Remixes et d'écouter sa décapante version de "Dayenu" !


Après avoir savouré ces remixes, vous vous régalerez du hip hop concocté par le rappeur orthodoxe Y-Love, qui s'est associé au champion toutes catégories de la beatbox (imitation vocale de percussions), Yuri Lane, pour livrer le superbe "Count It" (produit par l'excellent label Shemspeed), album dédié aux 7 semaines séparant Pessah de Chavouot. Vous pourrez découvrir le single "Watch" sur le myspace du groupe et acheter l'album (9, 64€) sur le site du label Shemspeed.

Enfin, pour conclure en beauté, un superbe et émouvant slam du rappeur favori de Jewpop, Shmoolik qui décrit, avec son titre "La Vie est belle", le Kotel pendant Pessah. Enjoy !


la vie est belle - Shmoolik
envoyé par alex-h.

vendredi 2 avril 2010

Gwyneth Paltrow : kosher for Passover !


Connaissez-vous le site web de Gwyneth Paltrow ? Si vous êtes fans de l'actrice,  vous ne manquerez pas de vous rendre sur GOOP, où vous trouverez tous les bons plans de la star, ses coups de coeur mode, voyage, sites Internet préférés...



On y apprend en particulier, dans sa rubrique culinaire, que Gwyneth (fille du réalisateur Bruce Paltrow, juif ashkénaze issu d'une longue lignée de rabbins russes, et de Blythe Danner, actrice élevée dans la tradition quaker)  est "Kosher for Passover" ! Parmi les recettes proposées par la splendide interprète de "Two Lovers", le "Minestra Dayenu", une soupe de poulet à base de matza, ou encore l'"Uncle Morty's Gourmet Matzo Brei", que déguste amoureusement Steven Spielberg au moment des fêtes, ainsi que les vins casher préférés de l'actrice. Yummy !

jeudi 1 avril 2010

Herbes amères ?

La marijuana est-elle casher lepessah ? Cette question a priori incongrue en ces jours de fêtes, où chaque Juif se doit, les soirs de seder, de mentionner l'agneau pascal, le pain azyme et... les herbes amères (le maror, habituellement du raifort dans la tradition ashkénaze), a pourtant donné lieu à débat en Israël , lorsque le parti "Aleh Yarok" (ndt : "la feuille verte") qui milite pour la légalisation de la marijuana dans le pays, a averti en 2007 ses sympathisants d'origine ashkénaze que cette plante était susceptible d'être assimilée à des kytniot (végétaux qui présentent certaines similitudes avec les céréales, ou qui poussent au voisinage des céréales : maïs, riz, moutarde, lentilles, pois, cumin, soja...), uniquement casher lepessah dans la tradition sépharade, et donc prohibée lors des fêtes de Pessah pour les ashkénazes.


Recommandation sans aucun doute superflue, puisque selon les autorités rabbiniques, l'usage de la marijuana (ou de toute autre substance narcotique) est strictement interdit dans la religion juive. Les lecteurs anglophones de jewpop se reporteront à ce remarquable article , qui nous apprend que cette question (fumeuse ?) a été débattue par plusieurs rabbins, parmi lesquels le célèbre Rabbi David iBn Zimra, plus connu sous le nom de Radbaz (1479-1579), qui aborda dans ses écrits ce sujet, précisant notamment l'usage qu'en faisaient les Egyptiens du temps de l'Exode. Pour qui, semble-t-il,  le chanvre  ne servait pas qu'au tressage des pagnes et des sandales.

Jewpop conseillera donc à ses lecteurs de se tourner vers des utilisations plus licites de la beuh, telles que cette splendide bougie, alliant subtilement des arômes de raisin noir, amboise, mousse des bois et patchouli, pour un substitut parfait des senteurs marijuanesques. A consommer sans modération.

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